


Fondée en février 1992, ENA 3 C est une association sous le statut de la loi de 1901 qui a pour objet de promouvoir l’apport à la modernisation et à la diversité de l’administration que représentent les hauts fonctionnaires issus des secteurs privé, associatif ou local entrés au service de l’État par la voie du troisième concours de l’École nationale d’administration.
Inscrivant son action dans une démarche d’intérêt général, ENA 3 C vise à mieux faire connaître et reconnaître le troisième concours de l’ENA, passerelle utile entre la société civile et l’État. Concrètement, l’association défend collectivement les intérêts professionnels des cadres supérieurs et dirigeants de l’État ayant connu une première vie professionnelle hors de l’administration et fournit informations et conseils pratiques à toute personne désireuse de réussir ce concours.

Association ENA 3ème concours
Statuts modifiés proposés à l’assemblée générale du 9 décembre 2005
Préambule
Conscients que la diversification du recrutement de la haute fonction publique est un facteur de modernisation et de réforme de l’État et que les itinéraires pouvant conduire des professionnels d’horizons différents vers de telles fonctions, par le concours de l’École nationale d’administration, offrent de réelles spécificités, les fondateurs de l’association E3C devenue ENA 3ème concours conviennent de la nécessité d’une action collective, sous la forme associative.
Article 1 – constitution et dénomination
Il est fondé entre les adhérents aux présents statuts une association régie par la loi du 1er juillet 1901 et le décret du 16 août 1901, ayant pour titre « ENA 3ème concours (ENA 3 C) – passerelle vers le service public »
Article 2 – objet
L’association ENA 3 C a pour but de faciliter et de développer l’apport à la modernisation de l’État que représente le parcours de professionnels hors fonction publique ayant intégré ou désireux d’intégrer celle-ci par le troisième concours de l’ENA.
Dans ce but, qu’elle considère comme relevant d’un intérêt général, elle défend et promeut les intérêts moraux et matériels des dits professionnels et mène toute action collective pouvant contribuer à mieux faire reconnaître cette passerelle et à en soutenir la vocation.
Article 3 –siège social
Le siège social est fixé à :
ENA – 2 avenue de l’Observatoire 75006 PARIS
Article 4 – durée
La durée de l’association est illimitée.
Article 5 –composition
Les membres de l’association participent régulièrement aux activités et contribuent activement à la réalisation de ses objectifs. Sont membres de droit les personnes ayant été reçues au troisième concours de l’ENA, reçues au PENA 3ème concours ou manifestant, par leurs activités ou actions, leur intention de mettre en œuvre un tel projet. Les membres actifs sont les membres de droit à jour de leur cotisation annuelle. Des membres d’honneur (ou membres bienfaiteurs), personnes physiques ou morales, peuvent également être membres de l’association.
Article 6 – cotisation
La cotisation due par les membres de l’association est fixée annuellement par l’Assemblée Générale.Cette cotisation peut varier selon la situation des membres de l’association (en préparation, à l’école, sorti, bienfaiteur, etc.)
Article 7 – adhésion
Est déclarée membre actif toute personne membre de droit qui paye sa cotisation. Seuls les membres actifs ont le droit de vote aux Assemblées Générales.
Chaque membre prend l’engagement de respecter les présents statuts qui lui sont communiqués lors de son entrée dans l’association.
Peuvent être admises comme membres d’honneur des personnes physiques ou morales qui, bien que ne remplissant pas les conditions pour être membres de droit, ont rendu des services signalés à l’association,. Cette admission est prononcée par le Conseil d’Administration, après consultation, lors de quelque Assemblée Générale ou par écrit, de l’ensemble des membres actifs.
Peuvent être admises comme membres bienfaiteurs des personnes physiques ou morales qui, bien que ne remplissant pas les conditions pour être membres de droit, souhaitent soutenir les activités de l’association, en particulier par le versement d’une cotisation spécifique.
Article 8 – perte de la qualité de membre
La qualité de membre se perd :
par décès,
par démission adressée par écrit au Président de l’association,
par exclusion prononcée par le Conseil d’Administration pour infraction aux présents statuts ou motif grave portant préjudice matériel ou moral à l’association,
par non-paiement de la cotisation
par disparition des conditions requises pour être membre de droit.
Avant la prise de la décision éventuelle d’exclusion, le membre concerné est invité, au préalable, à fournir des explications écrites au Conseil d’Administration.
Toute exclusion, ainsi que les motifs qui l’ont entraînée, doivent être signifiés par courrier à l’intéressé et aux membres actifs de l’association.
Article 9 – responsabilité des membres
Aucun membre de l’association n’est personnellement responsable des engagements contractés par elle. Seul le patrimoine de l’association répond de ses engagements.
Article 10 – conseil d’administration
L’association est administrée par un Conseil d’Administration, élu chaque année par l’Assemblée Générale. Les membres sortants sont rééligibles.
Article 11 – élection du conseil d’administration
L’Assemblée Générale appelée à élire le Conseil d’administration est convoquée selon les modalités décrites par l’article 17. Est électeur tout membre actif de l’association. Les membres du Conseil d’Administration sont élus lors de l’Assemblée Générale Ordinaire à la majorité simple des votants.
Article 12 – réunion
Le Conseil d’Administration se réunit chaque fois qu’il est convoqué par son Président ou sur la demande d’au moins la moitié de ses membres, chaque fois que l’intérêt de l’association l’exige et au moins deux fois par an.
Les délibérations sont prises à la majorité simple des membres présents. Seules les questions figurant à l’ordre du jour peuvent faire l’objet d’un vote.
Article 13 – rémunération
Les fonctions de membre du Conseil d’Administration sont gratuites. Toutefois les frais et débours occasionnés par l’accomplissement de leur mandat peuvent leur être remboursés sur production des pièces justificatives.
Le rapport financier présenté à l’Assemblée Générale Ordinaire doit faire mention des remboursements de frais de gestion, de mission, de déplacement ou de représentation payés à des membres du Conseil d’Administration.
Article 14 – pouvoirs
Le Conseil d’Administration est investi d’une manière générale des pouvoirs les plus étendus dans la limite des buts et objet de l’association et dans le cadre des résolutions adoptées par les Assemblées Générales.
Il peut autoriser tous actes et opérations permis à l’Association et qui ne sont pas réservés à l’Assemblée Générale Ordinaire ou Extraordinaire. Il se prononce sur les éventuelles mesures d’exclusion des membres. Il surveille notamment la gestion des membres du Bureau et a toujours le droit de se faire rendre compte de leurs actes. Il peut, en cas de faute grave, suspendre les membres du Bureau à la majorité simple.
Il fait ouvrir tout compte en banque, compte chèques postaux et auprès de tous les établissements de crédit, effectue tous emplois de fond, sollicite toutes subventions, requiert toutes inscriptions et transcriptions utiles.
Il autorise le Président et le Trésorier à faire tous actes, achats, aliénations et investissements reconnus nécessaires à la poursuite de son objet.
Il nomme et décide de la rémunération du personnel de l’association.
Article 15 – bureau
Le Conseil d’Administration élit un Bureau comprenant :
un Président,
un Secrétaire,
un Trésorier,
et, s’il y a lieu, un ou deux vice-présidents, un Secrétaire adjoint et un Trésorier adjoint.
Les membres sortants sont rééligibles.
Article 16 – rôle des membres du bureau
Le Bureau du Conseil d’Administration est spécialement investi des attributions suivantes :
Le Président dirige les travaux du Conseil d’Administration et assure le fonctionnement de l’association qu’il représente en justice et dans les actes de la vie civile. En cas d’empêchement, il peut déléguer, sur avis du Conseil d’Administration, ses pouvoirs à un autre membre du Conseil d’Administration.
Le Secrétaire est chargé de tout ce qui concerne la correspondance, notamment l’envoi des diverses convocations et la tenue du fichier. Il rédige les procès-verbaux des séances tant du conseil d’Administration que des assemblées Générales.
Le Trésorier tient les comptes de l’association. Il est aidé par tous les comptables reconnus nécessaires. Il effectue tous paiements et perçoit toutes recettes sous la surveillance du Président. Il tient une comptabilité régulière, au jour le jour, de toutes les opérations tant en recettes qu’en dépenses et rend compte à l’Assemblée annuelle qui statue sur la gestion.
Article 17 – dispositions communes pour la tenue des assemblées générales
Les Assemblées Générales se composent de tous les membres actifs de l’association.
Les Assemblées se réunissent sur convocation du Conseil d’Administration ou sur la demande d’au moins le quart des membres actifs de l’association. Dans ce dernier cas, les convocations de l’Assemblée doivent être adressées dans les trois jours suivant le dépôt de la demande auprès du Conseil d’Administration, et leur tenue doit intervenir dans les quinze jours suivant l’envoi des dites convocations.
Les convocations doivent obligatoirement mentionner l’ordre du jour prévu et fixé par les soins du Conseil d’Administration. Elle sont adressées aux membres quinze jours au moins à l’avance.
Seules sont valables les résolutions prises par l’Assemblée Générale sur les points inscrits à son ordre du jour.
La présidence de l’Assemblée Générale incombe au Président ou, en son absence, à un membre du Conseil d’Administration ; l’un ou l’autre peut déléguer ses fonctions à un autre membre du Conseil d’Administration. Le Bureau de l’Assemblée est celui de l’Association.
Ont droit de vote les membres actifs présents ; le vote par procuration sur production d’un pouvoir est autorisé.
Article 18 – assemblée générale ordinaire
Au moins une fois par an, les adhérents sont convoqués en Assemblée Générale Ordinaire dans les conditions prévues par l’article 17.
L’Assemblée entend les rapports sur la gestion du Conseil d’Administration notamment sur la situation morale et financière de l’association. L’Assemblée, après avoir délibéré et statué sur les différents rapports, approuve les comptes de l’exercice clos et délibère sur toutes les autres questions figurant à l’ordre du jour.
Elle pourvoit à la nomination et au renouvellement des membres du Conseil d’administration dans les conditions prévues aux articles 10 et 11 des présents statuts.
Elle fixe le montant de la cotisation annuelle.
Les décisions de l’Assemblée Générale Ordinaire sont prises à la majorité des membres actifs présents. Sauf exception prévue par les présents statuts, les délibérations sont prises à main levée.
Toutefois, à la demande du tiers au moins des membres présents, les votes peuvent être émis au bulletin secret.
Article 20 – assemblée générale extraordinaire
L’Assemblée Générale extraordinaire est convoquée dans les conditions prévues à l’article 17 des présents statuts.
Pour que ses décisions soient valables, l’Assemblée Générale Extraordinaire doit comprendre au moins la moitié plus un des membres ayant droit de vote (membres actifs). Si cette proportion n’est pas atteinte, l’Assemblée Générale Extraordinaire est convoquée à nouveau, à quinze jours d’intervalle. Elle peut alors délibérer sans condition de quorum.
L’Assemblée Générale Extraordinaire statue sur les questions qui sont de sa seule compétence, à savoir les modifications à apporter aux présents statuts et la dissolution de l’association.
Les délibérations sont prises à la majorité des deux tiers des membres actifs présents.
Les votes ont lieu à main levée sauf si le quart au moins des membres actifs présents demande un scrutin secret.
Article 21 – ressources de l’association
Les ressources de l’association se composent :
du produit des cotisations versées par les membres,
des subventions éventuelles de l’État, de ses établissements publics, des collectivités territoriales et de leurs établissements publics,
du produit de fêtes ou manifestations,
de toutes autres ressources ou subventions qui ne seraient pas contraires aux lois en vigueur.
Article 22 – comptabilité
Il est tenu, au jour le jour, une comptabilité en recettes et en dépenses pour l’enregistrement de toutes les opérations financières.
Article 24 – dissolution
La dissolution est prononcée à la demande du Conseil d’Administration, par une Assemblée Générale Extraordinaire, convoquée spécialement à cet effet.
Les conditions de convocation et les modalités de tenue d’une telle Assemblée sont celles prévues à l’article 17 des présents statuts.
Pour la validité des décisions, l’Assemblée doit comprendre au moins la moitié plus un des membres ayant droit de vote (membres actifs).
Si cette proportion n’est pas atteinte, l’Assemblée est convoquée à nouveau, mais à quinze jours d’intervalle. Elle peut alors délibérer quel que soit le nombre des membres présents.
Pour être valable, la décision de dissolution requiert l’accord des deux tiers des membres présents.
Le vote a lieu à main levée sauf si le quart au moins des membres présents exige le vote secret.
Article 25 – dévolution des biens
En cas de dissolution, l’Assemblée Générale Extraordinaire désigne un ou plusieurs liquidateurs qui seront chargés de la liquidation des biens de l’association et dont elle détermine les pouvoirs.
En aucun cas, les membres de l’association ne pourront se voir attribuer, en dehors de la reprise, le cas échéant, de leurs apports, une part quelconque des biens de l’association.
L’actif net subsistant sera attribué obligatoirement à une ou plusieurs autres associations poursuivant des buts similaires et qui seront nommément désignés par l’Assemblée Générale Extraordinaire.
Article 26 – règlement intérieur
Un règlement intérieur peut être établi par le Conseil d’Administration qui le fait alors approuver par l’Assemblée Générale.
Cet éventuel règlement intérieur est destiné à fixer les divers points non prévus par les présents statuts, notamment ceux ayant trait au fonctionnement pratique des activités de l’association.
Fait à Paris, le 9 décembre 2005

Le bureau est l’instance dirigeante de l’association. Il est composé d’anciens élèves issus du 3e concours, ou le cas échéant d’élèves en cours de scolarité à l’ENA et, sur la base du volontariat, de stagiaires du cycle préparatoire. Cette composition permet de tenir compte de l’ensemble des préoccupations des membres de l’association.
Le bureau est désigné par le conseil d’administration de l’association, qui regroupe des représentants de diverses promotions issus du 3e concours et des préparationnaires.
Composition du bureau élu par le CA du 31 mai 2017 :
Le conseil d’administration comprend un ou plusieurs représentants de chaque promotion.
Les adhérents qui souhaitent participer à l’activité de l’association sont les bienvenus lors des réunions du conseil d’administration.
L’assemblée générale annuelle élit le CA, qui élit le bureau.
Composition du conseil d’administration élu par l’assemblée générale du 31 janvier 2021, par promotion :
Antoine de Saint-Exupéry (1992-1994)
DU CHEYRON d’ABZAC Guynot
René Char (I993-1995)
ABOLLIVIER Béatrice
Victor Schoelcher (1994 – 1996)
BALLEREAU Michel
Marc Bloch (1995 – 1997)
SAURAT Isabelle
HAMAYON Véronique
Valmy (1996 – 1998)
GRAVIERE-TROADEC Isabelle
SABBAGH (BARBA) Mathilde
Cyrano de Bergerac (1997 – 1999)
SOMMA Thierry
TORAILLE Sylvie
Averroes (1998 – 2000)
DE LORGERIL Nicolas
SPECHT Frédérique
Nelson Mandela (1999 – 2001)
BARLERIN Axel
GLUCKSMAN Kristine
Promotion Copernic (2000 – 2002)
PAIN Mario
Promotion René Cassin (2001 – 2003)
BRUNNER Max
GRENIER Philippe
Promotion Léopold Sédar Senghor (2002-2004)
BILLAUD Véronique
FURNON-PETRESCU Hélène
Promotion Romain Gary (2003-2005)
BOULESTREAU Emmanuelle
PILTANT Christine
Promotion Simone Veil (2004-2006)
BOURGEOIS Pierre
Promotion République (2005-2007)
LAGOGUEY Vincent
TASSART Christophe
Promotion Aristide Briand (2006-2008)
AÏDARA Alexandre
Promotion Willy Brandt (2007-2009)
BALESTRA Véronique
Promotion Emile Zola (2008-2010)
LE BRIGNONEN (ARROUET) Maryvonne
ROUGEUX Gaël
Promotion Robert Badinter (2009-2011)
DUPUIS Emmanuel
MAYER Emmanuel
PITON Alexandre
Promotion Jean-Jacques Rousseau (2010-2011)
DEVOUCOUX du BUYSSON François
GREMONT François-Robert
OUDET-GIAMARCHI Isabelle
PATAY Magali
Promotion Marie Curie (2011-2012)
KRIEFF David
SIGNOURET Muriel
Promotion Jean Zay (2012-2013)
BENNET Anne
DOUMEIX Sébastien
GRANDIN Benoît
SER-ISTIN Julie
Promotion Jean de La Fontaine (2013-2014)
DUTHIL Gilles
MEJANE Julien
ROUILLEAULT Delphine
Promotion Winston Churchill (2014-2015)
BULLIER Maï
HELFTER-NOAH Prune
Promotion George Orwell (2015-2016)
BURON Stéphane
DARDILLAC Cécile
LABOY Florent
Promotion Louise Weiss (2016-2017)
BOUTEILLE Frédéric
CHAUBON Dominique
HILAIRE Natacha
Promotion 2017-2018
AYMARD Florian
FRERE-LECOUTRE Emmanuel
MATHEY Damian
MIALON Anselme
OUBUIH Adam
SPIRE Kerwin
Préparationnaires
CHARRON Anne-Laure
LECADRE Alix
RAMAMBASON Maryse
SOUMAGNAC Simane
L’association réunit son assemblée générale chaque année, en principe au mois de novembre, au moment où les nouveaux préparationnaires démarrent leur cycle. Le choix de cette période permet de les accueillir au sein de l’association de manière conviviale et de créer le plus tôt possible des contacts.
L’AG est l’occasion de faire le point sur les activités de l’association, notamment à travers le rapport moral présenté par le bureau et son président.
Lors de la session est élu le conseil d’administration qui désigne ensuite le nouveau bureau.
Vous pouvez consulter en ligne les procès-verbaux des dernières AG (format pdf) :
On compte actuellement près de 250 anciens élèves de l’ENA issus du 3e concours.
L’association ENA3C ne gère plus d’annuaire papier mais a créé un groupe sur le réseau social professionnel LinkedIn qui réunit tous les élèves et anciens élèves issus du troisième concours désireux de s’y inscrire : https://www.linkedin.com/grp/home?gid=8405715. Les membres de ce groupe sont répertoriés dans l’annuaire des anciens, ce qui permet d’accéder à leurs profils par nom ou par promotion.

Dans cet annuaire vous retrouverez tous les anciens du troisième concours qui se sont abonnés au groupe Linkedin de l’association ENA3C.
Pour figurer dans l’annuaire, créez votre profil sur LinkedIn et demandez à rejoindre le groupe ENA3C. Nous ferons les vérifications d’usage et vous inscrirons. Vous pourrez ensuite si vous le souhaitez rejoindre l’association en vous acquittant de la cotisation annuelle.
Cet annuaire permet d’accéder au parcours professionnel des membres inscrits. Vous pouvez y effectuer une recherche par nom ou par promotion.

Vous pouvez adhérer à l’association si vous êtes “préparationnaire”, c’est à dire si vous préparez l’admission à la préparation au 3e concours (pEna) ou le 3e concours de l’ENA. Votre cotisation annuelle s’élève alors à 10 €. Vous pouvez également adhérer à l’association si vous êtes élève ou ancien élève de l’ENA issu du 3e concours. Votre cotisation annuelle s’élève alors à 20 €. Le montant de la cotisation est fixé chaque année en assemblée générale.
Les cotisations constituent la seule source de revenu de l’association.
L’adhésion donne le droit de vote lors de l’assemblée générale annuelle.
Téléchargez le bulletin d’adhésion à envoyer avec un chèque à :
Association ENA 3 C
2, av de l’Observatoire
75006 Paris
Pour renouveler votre adhésion par virement bancaire, écrivez au bureau (contact (a) ena3c.fr) qui vous enverra un relevé d’identité bancaire.
L’association est fidèle à sa vocation initiale, aider les candidats au 3C puis les élèves du concours en scolarité et à la sortie. Elle se mobilise pour cela collectivement à dates régulières, et ses membres individuellement en fonction des sollicitations.
Quelques 250 anciens élèves de l’ENA issus du 3e concours sont désormais en activité dans des postes répartis sur l’ensemble de la sphère publique, ministères, corps de contrôle de l’État, collectivités territoriales, cabinets ministériels, etc. L’association ENA3C accompagne ce mouvement en maintenant un dialogue suivi avec, notamment, les DRH des ministères, la direction générale de l’Administration et de la Fonction publique (DGAFP) et le secrétariat général du gouvernement sur les questions de carrière, de statut, de retraite. Elle accompagne et participe à des manifestations en faveur de la diversification de la fonction publique.

Le troisième concours de l’ENA a été institué par la loi n° 90-8 du 2 janvier 1990 afin d’ouvrir l’accès à l’encadrement supérieur de l’État à des professionnels venus de l’entreprise et du secteur associatif ainsi qu’à des élus justifiant d’au moins huit années d’expérience. Depuis sa création, le troisième concours vise ainsi à diversifier le recrutement des hauts fonctionnaires et à enrichir l’administration de nouvelles compétences susceptibles d’accompagner sa modernisation.
Avec le concours externe destiné aux jeunes diplômés et le concours interne ouvert aux agents de l’administration ayant au moins quatre ans d’expérience, le troisième concours est ainsi depuis un quart de siècle l’une des trois modalités de recrutement des élèves de l’École nationale d’administration. Les élèves issus du 3e concours représentent environ 10 % d’une promotion de l’ENA (les externes comptant pour la moitié et les internes pour environ 40 %), hors élèves étrangers.
Si aucune condition de diplôme n’est exigée pour s’inscrire aux épreuves du troisième concours de l’ENA, les lauréats se caractérisent par la richesse de leur expérience professionnelle et une grande variété de profils (financiers, journalistes, avocats, responsables d’association, managers…).
Le troisième concours affiche un taux de sélectivité comparable à ceux du concours externe et du concours interne (entre 1/8 et 1/12 selon les années). D’année en année, le troisième concours a été reconnu par les membres du jury du concours d’entrée puis les recruteurs de l’administration pour la qualité des candidats et l’apport des élèves issus de cette voie d’accès au vivier des hauts fonctionnaires de l’État.
Le bilan positif de ce mode de recrutement novateur a permis au modèle « troisième concours » d’essaimer au sein de l’administration. Ainsi, l’École nationale de la magistrature (ENM), l’Institut national des études territoriales (INET) ou encore les instituts régionaux d’administration (IRA) ont à leur tour institué un concours spécifique ouvert aux candidats issus du secteur privé.

Du fait de la complexité des épreuves et des connaissances requises pour les passer, l’ENA organise des cycles de préparation au concours par convention avec des organismes de formation : l’Institut pour la gestion publique et le développement économique (IGPDE) du ministère des Finances en particulier, et certains Instituts d’études politiques (les IEP de Bordeaux, Grenoble, Rennes et Strasbourg). Ces préparations s’exercent en présentiel à temps plein ou à temps partiel (midi et soir) ou encore par correspondance.
L’accès au cycle de préparation en présentiel (baptisé “pENA”) se fait sur concours.
Le concours pENA est constitué d’une épreuve écrite d’admissibilité (une dissertation) et d’une épreuve orale d’admission (un entretien avec le jury).
Si une trentaine de places est ouverte chaque année, elles ne sont pas toutes pourvues et la sélectivité tourne autour de 30 % des candidats. L’IGPDE propose depuis 2018 une préparation à ce concours comportant des stages de méthodologie en présentiel, des fascicules en ligne, des devoirs à corriger, des concours blancs et des jurys fictifs pour les candidats admissibles.
La réussite du concours pENA ouvre droit à une bourse de 1 393 € nets par mois. Le versement de la bourse est conditionné par la présence régulière aux cours du cycle préparatoire.
Pour en savoir plus sur le concours, les épreuves ainsi que les modalités pratiques (inscriptions, dates, etc.), vous pouvez consulter le site officiel de l’ENA.
L’IGPDE édite chaque année des « fascicules » de préparation au concours. Il s’agit d’une compilation de fiches sur internet ou sur papier vendue 230 € et offrant la possibilité de s’inscrire à une session intensive de préparation en juillet.
D’autres ressources peuvent être glanées sur internet, par exemple sur le site collaboratif OpenInterest, créé par deux préparationnaires au 3e concours.

Organisé à la fin août conjointement aux deux autres concours (externe et interne), il comporte des épreuves écrites d’admissibilité (droit public, économie, question contemporaine, finances publiques et questions sociales) et des épreuves orales d’admission (questions internationales, questions européennes, langue, entretien individuel avec le jury, épreuve collective d’interaction).
La dernière réforme du concours a vu une évolution du programme et des épreuves. A l’écrit, on note l’apparition des finances publiques et la disparition des options. A l’oral, une épreuve collective est venue compléter l’entretien individuel et l’épreuve d’anglais, désormais langue obligatoire pour tous.
Pour en savoir plus sur le concours, les épreuves ainsi que les modalités pratiques (inscriptions, dates, etc.), vous pouvez consulter le site officiel de l’ENA.
Le nombre total de places au concours de l’ENA varie d’une année sur l’autre. Le Premier ministre le fixe par arrêté, pris en général courant avril de l’année du concours. La tendance des dernières années se situe aux alentours de 80 ou 90 places.
Le nombre de places attribuées au 3e concours, variable, est fixé par arrêté chaque année (en principe entre juillet et août). Il ne peut excéder 10 % du nombre total de places ouvertes au concours, ce qui signifie qu’une petite dizaine de places environ sont ouvertes chaque année pour le 3e concours. Le jury peut, dans certaines limites, décider de réallouer quelques places entre les 3 concours, en fonction du niveau des candidats.
La sélectivité des trois concours d’accès à l’ENA est forte, il est donc fortement recommandé de suivre une préparation pour pouvoir aborder les épreuves dans de bonnes conditions. Pour ce faire, la loi créant le 3e concours a prévu la mise en place d’un cycle préparatoire, accessible après avoir subi des épreuves de sélection (le concours pENA).
Les jurys du concours remettent chaque année un rapport dans lequel ils analysent notamment le profil de la nouvelle promotion. Voici quelques éléments sur les admis du 3e concours, tirés des derniers rapports (à télécharger sur le site de l’ENA).
Préparation : en 2015, 66 % des admis au troisième concours ont suivi le cycle de préparation de l’IGPDE en présentiel (78 % en 2014).
Formation initiale : parmi les admis de 2016 figurent 2 diplômés de Sciences Po Paris et 2 de l’IEP d’Aix-en-Provence.
En 2017, les origines professionnelles des lauréats du troisième concours gravitent de nouveau autour des métiers de l’audit et du conseil.
L’âge moyen des admis de 2017 est de 33 ans (en baisse depuis 2011).
Féminisation : avec 30 % de candidates au 3e concours en 2017, on aboutit à 25 % de femmes dans la dernière promotion (2 élèves), un taux stable depuis 2014. La proportion de femmes parmi l’ensemble des admis n’a jamais dépassé 45 %.
Calendrier du concours pENA
Calendrier du concours ENA

La scolarité dure 2 années civiles pour les élèves français (un peu moins pour les élèves étrangers). Elle a évolué avec la réforme de 2015. Elle commence par un mois de cours à Strasbourg avant le départ pour les stages et se termine par 9 mois de cours à Strasbourg aboutissant sur les dernières “épreuves classantes”. Au final, la procédure de sortie permet à chacun de choisir son poste en fonction de son rang de classement et des entretiens avec les ministères recruteurs.
Les trois stages (obligatoires et notés) sont :
La présence aux cours est obligatoire. Certains cours sont dispensés à l’ensemble de la promotion et d’autres par sous-groupes. Dans le cas des langues, il s’agit de groupes de niveau.
Hormis les stages, depuis 2016 les épreuves classantes et leurs coefficients sont les suivants :
La procédure de sortie s’étale sur les deux derniers mois de scolarité. Elle a lieu à Paris (et partiellement en visioconférence avec Strasbourg).
Chaque ministère (ou corps) vient présenter devant la promotion les postes qu’il propose. Les élèves intéressés par un recruteur sont généralement invités à une présentation dans ses locaux en présence de la hiérarchie qui recrute. Puis les élèves qui le demandent sont reçus pour une série d’entretiens pour chaque poste (par exemple : avec les RH, avec le n+1, avec le n+2). A l’issue des entretiens, le ministère (ou le corps) recruteur émet un avis sur la candidature de l’élève sans connaître son rang de classement. Tout avis défavorable doit être justifié par écrit.
La procédure de sortie se termine par “l’amphi garnison” au cours duquel chaque élève choisit son poste dans l’ordre du rang de classement. Afin que ce choix se déroule au mieux, les élèves organisent plusieurs “amphi blancs” dans les semaines qui précèdent.

A Strasbourg, l’ENA propose des logements, en particulier une cinquantaine de chambres d’étudiants à la résidence Charles de Foucauld (place Broglie). Des informations très complètes sont diffusées aux nouveaux élèves pour les aider à choisir leur logement et à effectuer les démarches adéquates.
Strasbourg est dans l’ensemble une ville où l’offre de logements est assez chère. Cet élément doit inciter à rechercher le plus tôt possible, la concurrence étant forte sur les petites surfaces. A titre indicatif, compter minimum 400 € par mois pour une chambre équipée dans une résidence étudiants, 500/600 € pour un studio ou un 2 pièces, en centre ville.
Un prêt caution pouvant aller jusqu’à 1 200 € peut être accordé aux élèves ayant besoin de deux logements.
Certains stages prévoient le logement du stagiaire (c’est le cas dans la plupart des préfectures et certaines ambassades). Sinon il est recommandé de contacter le stagiaire de la promotion précédente pour connaître ses “bons plans”.
Les élèves ayant le statut de fonctionnaires stagiaires, ils sont rémunérés par l’École. Le montant de cette rémunération dépend du concours d’origine. Pour les troisième concours, la rémunération s’élève en 2016 à environ 2 000 € par mois en période de cours.
En période de stage, une indemnité de stage peut s’ajouter. Elle varie selon le lieu de résidence et est en général plus élevée à l’étranger. A titre indicatif, pour un stage à Bruxelles (dans une institution européenne), l’indemnité est de 3 000 € le premier mois, 1 000 € pour les mois suivants. Pour une affectation en métropole (préfecture), les indemnités de stage sont de 800 € environ par mois les 3 premiers mois, 500 € les deux mois suivants.

Élèves de l’ENA à part entière, les 3e concours choisissent leur première affectation comme leurs camarades issus du concours interne et du concours externe, en fonction de leur rang de sortie. Aujourd’hui, tous les corps ouverts aux anciens élèves de l’ENA accueillent des 3e concours.
Les quelques 250 anciens élèves de l’ENA issus du 3e concours actuellement en activité occupent des postes dans l’ensemble de la sphère publique. En effet, ils exercent leur activité dans la plupart des ministères et des corps de contrôle de l’État, ainsi que dans les collectivités territoriales. On trouve aussi d’anciens élèves issus du 3e concours en fonction dans des cabinets ministériels.
Les ministères de l’Intérieur et des Finances (Bercy) sont les principaux employeurs des 3C qui sont également très bien représentés dans les juridictions administratives et financières. Ils servent majoritairement en administration centrale mais peuvent être aussi présents dans l’administration territoriale de l’État ainsi qu’à l’étranger dans les postes diplomatiques et les organisations internationales.
Certains d’entre eux ont rejoint l’un des grands corps de l’État (Conseil d’État, Inspection générale des finances, Cour des comptes) à l’issue de leur scolarité à l’ENA ou au cours de leur carrière administrative.
En 2015, la présidente de l’association ENA3C, Isabelle Gravière-Troadec, a mené une enquête auprès des fonctionnaires issus du 3e concours à travers un questionnaire :
70 collègues (soit environ 40 % de tous les anciens élèves de l’ENA issus du 3e concours) ont répondu, représentant tous les ministères et occupant tous les postes (administrateurs civils, inspecteurs généraux, magistrats des juridictions administratives ou financières, corps préfectoral, affaires étrangères).
Il ressort le constat suivant, à grands traits :
A ce stade, donc, le bilan est largement positif. En revanche, les réponses à ce questionnaire ont également toutes soulevé deux problèmes, ou plutôt deux aspects d’un même problème.
Premier point, unanimement et fortement souligné : l’administration, sauf à de très rares exceptions, ne prend aucunement en compte les expériences passées des élèves sortis du 3e concours. Le ou les métiers antérieurs ne sont généralement pas indiqués dans les dossiers administratifs : « c’est comme si nous étions nés professionnellement à la sortie de l’ENA ». De plus, alors qu’une expérience professionnelle de 8 années est demandée pour présenter le concours, seule une reprise d’ancienneté de 4 ans est acceptée. Cet avantage indiciaire disparaît progressivement, dans des conditions variables selon les corps, ce qui pèse sur le calcul de la pension de retraite qui est déjà, comme pour tous les poly-pensionnés, très défavorable.
D’autre part, et plus encore, aucune reprise d’ancienneté n’existe en termes de progression de carrière. Ce qui bloque l’accès à des postes d’encadrement (emplois dits “fonctionnels”) alors même que certains ont pu déjà encadrer des équipes de dizaines de personnes. Or, c’est l’intérêt de la carrière et l’envie d’avoir des responsabilités qui motivent les candidats issus du 3e concours.
La rémunération d’un élève issu du 3e concours de l’ENA, comme celle de tous les fonctionnaires, se compose de deux éléments : le traitement et les primes. Le traitement évolue principalement à l’ancienneté en fonction du grade, suivant le principe de la grille des rémunérations en vigueur dans la fonction publique.
Grâce au travail mené par l’association ENA3C il y a plusieurs années, les élèves recrutés par la filière du 3e concours bénéficient d’une reprise d’ancienneté équivalente à quatre années, ce qui leur permet de démarrer à un niveau de rémunération supérieur à ceux issus du concours externe.
Concernant les primes, elles varient suivant les corps de sortie et les administrations. Il est difficile de donner un panorama complet des rémunérations, mais quelques indications peuvent aider à s’y retrouver. Une simulation effectuée en 2013 montre que les rémunérations nettes (traitement + primes) des 3e concours en sortie d’ENA varient de 3 500 € à 5 000 € par mois (4 300 € en moyenne), selon le ministère ou le corps.
La progression est ensuite variable et de gros écarts peuvent exister entre les ministères. Les anciens de l’association sont présents dans les différentes filières et peuvent utilement conseiller les élèves en phase de choix du premier poste sur cet aspect.
Alors qu’une expérience professionnelle de 8 années est demandée pour présenter le concours, seule une reprise d’ancienneté de 4 ans est acceptée (pour les administrateurs civils, cela correspond au 5e échelon). Mais cette reprise est limitée. D’une part elle n’est pas pérenne ; l’avantage indiciaire consenti disparaît progressivement, dans des conditions variables selon les corps, ce qui pèse sur le montant de la future pension de retraite. D’autre part aucune prise en compte de l’ancienneté n’existe en termes de progression de carrière. Ce qui bloque l’accès à des postes d’encadrement.
L’association ENA3C se mobilise pour améliorer la reconnaissance des 3e concours. Pour la soutenir, adhérez !
”Je pilotais des projets numériques dans le privé et je suis devenu haut fonctionnaire”

Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours avant votre entrée à l’ENA (origine familiale et géographique, valeurs, parcours professionnel, engagements divers…) ?
Je suis né au Sénégal en 1968 d’une famille très liée à la France. Notamment, une arrière grand-mère était Linguère (reine du Walo royaume situé au Nord du Sénégal) et a négocié des traités de paix avec la puissance coloniale à Saint-Louis ancienne capitale de l’Afrique occidentale française. C’est tout naturellement que j’ai poursuivi mes études supérieures en France, en mathématiques à Strasbourg puis comme élève-ingénieur à l’École Centrale Paris.Après 10 ans d’expérience dans le privé, essentiellement sur des missions de gestion de projets numériques, j’ai découvert le 3ème concours à un moment où j’avais une aspiration forte à servir l’intérêt général. Il s’agissait également pour moi de m’ouvrir à d’autres connaissances (droit, économie, finances publiques, etc.) et de relever le défi, après une première carrière, de passer un concours réputé impossible à réussir. Rejoindre l’État, par cette voie, était pour moi, en soi, une forme d’accomplissement pour l’enfant d’immigré que j’étais devenu Français.
Pouvez-vous décrire la ou les expériences les plus enrichissantes de votre carrière de haut fonctionnaire ? Les moments clés de votre parcours ?
Je retiens trois expériences très marquantes. La première c’est la « formation » à la direction du budget, mon administration de sortie après l’ENA. Direction exigeante mais où on « apprend l’État » à travers le financement des politiques publiques. J’ai ensuite eu la chance d’effectuer ma mobilité au Conseil d’État, à la 8ème section du contentieux et comme membre de la Section des finances. J’y ai (enfin !) appris le droit administratif mais également la rigueur rédactionnelle, dans une « maison » où on côtoie des sommités à la fois brillantes et bienveillantes. J’ai pu ensuite goûter à l’expérience unique de rejoindre les cabinets ministériels. D’abord à l’enseignement supérieur où j’ai relancé les Opérations Campus mais également mis sur les rails le projet fun-mooc.org qui est désormais un vrai succès. J’ai prolongé cette expérience par une seconde expérience en cabinet comme conseiller budget, immobilier et modernisation de Mme Taubira, avec des moments de joie – pose de la première pierre du Tribunal de Paris par exemple – et aussi des moments terribles, où on est porté par le caractère tragique de l’histoire : les attentats contre Charlie et contre le Bataclan.
Que vous a apporté le fait de faire l’ENA ? En quoi avez-vous grandi ?
L’ENA apporte une immense ouverture sur le monde à travers le stage en préfecture, à travers le stage Europe à la Commission. De plus, j’ai pour ma part pris à la lettre, même si ce n’est jamais facile dans nos administrations cloisonnées, le fait qu’un administrateur civil doit pouvoir naviguer entre différents ministères, s’adapter rapidement et diversifier son expérience.
L’ENA nous fait grandir lorsque l’on se rend compte que c’est une belle école … qu’il faut réformer. Mais sans doute ce sont les énarques qui doivent porter ce projet d’adaptation au 21ème siècle, de même qu’il est urgent de réformer de fond en comble l’État et les services publics.
En quoi le fait d’être devenu haut fonctionnaire après une première vie professionnelle, a-t-il constitué un atout dans votre contribution à la mise en œuvre d’une politique publique ? de réformes ? N’hésitez pas à donner un exemple.
Un exemple précis : la mise en œuvre du projet fun-mooc. En 2013, conseiller de la ministre de l’enseignement supérieur, je lui ai proposé de faire en sorte que la France rattrape son retard en matière d’enseignement en ligne massif (”massive open online course”) : les États-Unis avaient lancé coursera.org et d’autres plateformes qui permettent à des millions d’étudiants et de citoyens dans le monde d’accéder à la connaissance. Centralien, spécialiste du numérique, j’ai pu porter ce projet en réunissant des entreprises numériques, des organismes tels que l’INRIA, des écoles et universités prêtes à produire les contenus pour lancer et alimenter la plateforme. Tout cela en 9 mois, en mode projet, avec peu de financements. C’est clairement ma formation d’ingénieur Centralien et mon expérience chez Accenture qui m’ont permis de réussir ce projet récompensé par le premier prix de la performance publique en 2013.
Pourriez-vous partager une anecdote qui est particulièrement mémorable d’une situation professionnelle au cours de votre carrière ?
En stage préfecture en Seine-et-Marne, Laura Bush – femme de Georges W.Bush est venue discrètement visiter un château. On se préparait à la recevoir à Vaux-Le-Vicomte mais elle s’était rendue discrètement au château de la Grande-Blénau à Courpalay. Et pour cause : le général de La Fayette y vécut de 1802 jusqu’à sa mort en 1834. La maire n’y croyait pas et s’était exclamée: « la femme de Bush ici ? Je n’y crois pas une seconde. C’est pour le journal télé de Groland ? »
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui, après une première expérience dans le privé, souhaite s’engager au service de la puissance publique ?
De bien s’informer sur les savoirs à maîtriser avant de se lancer dans le concours. D’être prêt à aller chercher au fond de soi la motivation et la force pour réussir. De bien avoir en tête une idée de ce que l’on veut faire au sein de l’Etat : finances, diplomatie, organes de contrôle, etc.
Enfin, en quelques mots… les causes qui vous tiennent à cœur :
1° il faut que l’ENA mais également toutes les grandes écoles s’ouvrent à la société et ne soient pas des lieux de reproduction sociale, et cela ne contredit absolument pas le caractère méritocratique du concours et l’exigence d’excellence mais ce travail d’ouverture se fait en amont dans le système scolaire avant que le tri ne soit définitif ;
2° nous devons collectivement nous pencher sur notre État et sur la sphère publique en général : il faut réformer profondément nos services publics, décloisonner, numériser, casser les hiérarchies rigides et les chasses gardées, ouvrir les ministères, dont les cultures administratives sont encore trop fermées, accomplir l’égalité femmes/hommes, accueillir la diversité, mettre en place une gestion RH performante des cadres de l’État ;
3° faire en sorte que les hauts fonctionnaires soient totalement investis auprès des citoyens en les accompagnant dans les grands enjeux comme le combat climatique; être haut fonctionnaire, avoir cette chance, oblige. Soit on s’engage, soit on s’expose à une nouvelle « trahison des clercs ».
Une lecture inspirante : en ce moment, il faut lire ”l’Anomalie” de Le Tellier captivant notamment si on aime les sciences, et ”Une terre promise” d’Obama, le livre politique le plus important de l’année;
Une citation qui vous inspire : Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire (Einstein);
Le meilleur conseil qu’on vous ait donné : trace ton propre chemin à chaque instant pour ne jamais rien regretter (mon père).
”J’étais ingénieur en travaux publics et je suis devenu haut fonctionnaire”

Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours avant votre entrée à l’ENA (origine familiale et géographique, valeurs, parcours professionnel, engagements divers…) ?
Je suis issu d’une diaspora présente dans l’océan indien. Je suis né à Madagascar où ma famille est établie depuis plusieurs générations, en tant que commerçants. Madagascar étant un pays francophone, c’est assez naturellement vers la France que mes parents se sont tournés pour nous offrir les meilleures chances d’étudier et de réussir. Bon élève, j’ai grandi à Bordeaux où j’ai intégré des classes préparatoires scientifiques puis ensuite une école d’ingénieur dans la région lyonnaise. C’était déjà passionnant de rencontrer des élèves d’origines sociales et géographiques diverses. C’est je pense ce qui me motive : changer de milieu socio-culturel, me confronter et comprendre les codes. C’est d’ailleurs à ce moment là que j’ai été naturalisé. J’ai démarré ma carrière dans des grands groupes français des transports et des télécommunications, en tant que manager de proximité. Je voulais commander, produire, avoir des résultats, résoudre des problèmes ; mais mon goût pour les sciences humaines et l’histoire n’étaient pas bien loin. Après 10 ans d’action sur le terrain, un mariage et deux enfants, je me suis lancé un nouveau challenge avec le concours.
Pouvez-vous décrire la ou les expériences les plus enrichissantes de votre carrière de haut fonctionnaire ? Les moments clés de votre parcours ?
Les moments les plus exaltants sont sans nul doute lorsque l’on participe à la décision et à l’impact sur la vie des citoyens. C’est souvent ce que j’ai ressenti lors des réunions d’arbitrages qui ont lieu à Matignon ou les ministères sont réunis pour exposer leur point de vue et leur analyse d’une réforme en préparation. J’ai eu l’occasion d’assister à de nombreuses ”réunions interministérielles” comme on dit dans le jargon, d’abord comme chef du bureau de la stratégie au ministère de l’écologie puis en tant que chargé de mission dans les services du Premier ministre. J’avais bien compris comment s’élaborait la norme au sommet de l’État, je voulais comprendre comment elle se négociait au niveau international, toujours dans le but d’aider nos entreprises et ceux qui portent des projets à faciliter leur développement. Je suis donc parti en Espagne, à notre représentation diplomatique, pour y occuper le poste de conseiller économique, chargé du développement durable et de l’industrie. J’ai eu la chance ainsi de faire partie de la délégation française lors de la COP à Madrid, la 25ème édition réunissant tous les pays signataires de la convention sur les changements climatiques.
Que vous a apporté le fait de faire l’ENA ? En quoi avez-vous grandi ?
L’ENA m’a véritablement ouvert un nouveau champ des possibles. C’est à la fois un sésame et un tremplin. Un sésame car l’école offre des clés de compréhension du monde qui nous entoure et de son fonctionnement. C’est indispensable pour ceux qui ont l’esprit critique et veulent jouer un rôle dans le débat public. Avant l’ENA, difficile pour moi de discerner les processus de décisions politiques, j’avais une compréhension très parcellaire des mécanismes économiques et ne parlons pas des rouages des institutions européennes qui m’étaient complètement étrangers. L’ENA, c’est aussi un tremplin indéniable car l’école permet de nouer des contacts avec des personnalités de haut niveau, que je n’aurais jamais pu connaître sans (préfets, ambassadeurs, chefs d’entreprises, ministres, etc.). C’est une opportunité formidable de s’adresser directement à ceux qui font des choix déterminants et de leur faire part de notre point de vue. L’ENA m’a quelque part réconcilié avec le fait démocratique : en quelque sorte, il est possible d’être force de proposition vis à vis de nos autorités politiques, il est possible d’exprimer son avis. Ce n’est pas certain qu’il sera suivi, c’est un autre sujet, mais au moins c’est possible. A chacun d’user de cette faculté.
En quoi le fait d’être devenu haut fonctionnaire après une première vie professionnelle, a-t-il constitué un atout dans votre contribution à la mise en œuvre d’une politique publique ? de réformes ? N’hésitez pas à donner un exemple.
Je pense que mes antécédents dans la vie productive et industrielle m’ont foncièrement aidé lors de mon activité de haut fonctionnaire, chargé de définir et de concevoir la réglementation. En effet, j’essaie d’avoir constamment à l’esprit comment j’aurais réagi en tant que dirigeant d’une unité opérationnelle si j’avais eu à appliquer telle ou telle norme. L’aurais-je comprise ? Mes agents auraient-ils été mieux protégés ? Le projet de l’entreprise en aurait-il été affecté ? Les objectifs d’intérêt général sont-ils parfaitement intelligibles ? C’est sur la base de cette démarche que j’ai participé, en tant que co-rapporteur, avec un camarade du conseil d’État, à un rapport confié au préfet de région honoraire Jean-Pierre Duport, sur l’accélération des projets de construction. Je crois que notre vision, ancrée dans le réel, aura permis d’aborder ces sujets de complexité réglementaire, de mille-feuille administratif, d’incohérences entre le droit et l’activité économique, avec davantage de pertinence et d’efficacité. Je ressens la même chose lorsque je rencontre un entreprise qui veut porter un projet. C’est parfois difficile de comprendre les enjeux d’un acteur privé lorsque l’on représente l’intérêt général. Avoir été de l’autre côté de la barrière aide forcément à décrypter.
Pourriez-vous partager une anecdote qui est particulièrement mémorable d’une situation professionnelle au cours de votre carrière ?
Je me suis retrouvé à assister à une commission d’examen d’un projet de loi à l’Assemblée nationale. Le ministre représentant le gouvernement est arrivé et il s’agissait… d’Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie. Le brillant ministre a âprement défendu son texte devant les députés, un public vigilant à ce que les droits des citoyens, en termes de protection de l’environnement notamment, soient préservés.
Des compromis ont été obtenus grâce à l’intelligence collective et après les débats, le ministre s’est tourné vers moi, m’a remercié et m’a exprimé sa disponibilité à étudier les propositions que nous pourrions lui faire. Quelle que soit la personnalité du dirigeant politique et son bord politique, c’est vraiment enthousiasmant de sentir que l’on joue pleinement un rôle, parmi d’autres, dans ce qui définit le cadre de vie des français.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui, après une première expérience dans le privé, souhaite s’engager au service de la puissance publique ?
Bien réfléchir à son projet (qu’est ce qui nous anime, quels sont ses ressorts de motivation dans la vie professionnelle) y compris en termes de rémunération. Bien réfléchir à deux quand c’est le cas. Choisir cette carrière, c’est peut-être perdre du salaire au début, passer moins de temps avec ses proches, être moins présent pour ses enfants, donc il faut que son conjoint soit pleinement embarqué. Mais cela vaut le coup !
Enfin, en quelques mots…
Les causes qui vous tiennent à cœur : l’ascenseur social, l’identité et l’altérité, la liberté de choisir et d’agir selon ses talents.
Une lecture inspirante : ”Ma part de Gaulois” (Magyd Cherfi)
Une citation qui vous inspire : ”je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme” (Aimé Césaire), et aussi ”entre possible et impossible, deux lettres et un état d’esprit” (Charles de Gaulle)
Le meilleur conseil qu’on vous ait donné : ”on ne peut pas plaire à tout le monde”
”J’étais éditrice et je suis devenu haut fonctionnaire”

Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours avant votre entrée à l’ENA (origine familiale et géographique, valeurs, parcours professionnel, engagements divers…)
Parisienne d’origine et ancienne élève de Sciences-Po, je me destinais plus ou moins aux métiers de la communication et du journalisme, mais sans avoir de projet bien arrêté. C’est un peu par hasard que j’ai eu à travailler sur un projet de guide pratique pour une maison d’édition, et que je me suis prise au jeu. Ayant découvert la PAO (publication assistée par ordinateur), je me suis installée à mon compte et j’ai proposé une prestation complète aux maisons d’édition, allant de la réécriture de manuscrits jusqu’à la maquette et la mise en page finale.
Mes études initiales m’ont naturellement orientée vers le secteur scolaire et universitaire : manuels et livres d’histoire, d’économie… Mais j’ai aussi contribué à des guides de randonnée ou de botanique, à des beaux-livres, et même à des ouvrages médicaux. D’une certaine manière, mon fil conducteur a été et est resté la chose écrite.
Pouvez-vous décrire la ou les expériences les plus enrichissantes de votre carrière de haut fonctionnaire ? Les moments clés de votre parcours ?
Contrairement à un cliché répandu, qui veut que les hauts fonctionnaires soient des technocrates parisiens coupés des réalités de terrain, l’ENA et mon parcours ensuite, en tant que magistrate de chambre régionale des comptes, m’ont permis de découvrir la vie locale dans des régions très diverses : Centre, Alsace, Midi-Pyrénées, PACA, Bretagne. Un de mes premiers dossiers concernait un village de 50 habitants dans les Hautes-Pyrénées, qui n’avait pas voté son budget. Il a fallu aller sur place et élaborer le projet de budget avec le comptable public et le secrétaire de mairie. C’était vraiment du concret ! D’une manière générale, j’ai pu toucher du doigt les vrais enjeux des politiques publiques,
là où elles sont déployées au plus près des citoyens et des usagers, leurs contraintes, leurs atouts, leurs aspects techniques, financiers, politiques. Pendant plusieurs années, je me suis emparée de ce métier, qui consiste à contrôler le bon usage de l’argent public, à en informer les gestionnaires pour qu’ils puissent au besoin corriger des anomalies et améliorer leur gestion, et surtout, à en informer le citoyen. Nos rapports sont repris par la presse, lus par les oppositions, ils éclairent le débat public. Plus que jamais, je pense aujourd’hui que dans un contexte d’affaiblissement de la démocratie, et de communication simplificatrice, nos travaux sont importants.
Parmi les expériences marquantes de mon parcours, il y a eu aussi les missions internationales. La Cour des comptes était commissaire aux comptes des Nations unies, et procédait à la certification et à l’audit externe de plusieurs agences et établissements onusiens. Les magistrats de CRC pouvaient participer à ces missions du moment qu’ils maîtrisaient l’anglais. J’ai participé à 14 de ces missions entre 2003 et 2009, dans
différents pays, sur plusieurs continents, et auprès de différents organismes. Cette expérience a été extrêmement formatrice sur le plan des méthodes de travail, elle m’a ouvert des perspectives, permis de rencontrer mes homologues français ou d’autres pays, d’enrichir ma pratique du contrôle. Ma mobilité au SGAR de Guadeloupe a représenté un autre temps fort de ma carrière. J’y ai passé trois ans, d’abord comme chargée de mission puis comme adjointe au SGAR, dans un contexte très délicat faisant suite aux grandes grèves de 2009, avec un service fragilisé et en sous-effectif. Un véritable défi à relever, notamment au plan managérial, mais j’ai trouvé passionnant ce territoire ultra-marin, son histoire et ses particularités C’est à la suite de cette expérience que j’ai été d’abord nommée présidente de section à la CRC Ile-de-France, puis présidente de la CRC Bretagne (et promue conseillère référendaire à la Cour des comptes).
Que vous a apporté le fait de faire l’ENA ? EN quoi avez-vous grandi ?
Pour moi, l’ENA, c’était d’abord un passeport pour une diversité d’expériences. Je n’avais aucune idée de ce que je souhaitais faire à la sortie ; ce qui me plaisait, c’était justement l’idée de pouvoir évoluer sur différents postes. Je reste très attachée au principe de ce concours, plus encore qu’à la scolarité qui suit. L’année de préparation a été une période très stimulante, une parenthèse bienvenue au bout d’une dizaine d’années d’expérience professionnelle. Le fait de réussir le concours m’a à la fois procuré une grande joie et un sentiment de responsabilité et de fidélité au service public. L’ENA m’a permis d’approcher la réalité administrative, à laquelle je ne connaissais pas grand-chose. Les stages m’ont été très utiles : ils m’ont permis de savoir ce que je ne voulais (ou ne pouvais) pas faire, et m’ont donné l’occasion de m’ouvrir sur des possibilités que j’ignorais (en particulier, les chambres régionales des comptes). En revanche, j’ai été un peu déçue par la scolarité, que j’ai trouvée insuffisamment structurante et trop dispersée. Et puis, ma situation de mère d’enfants en bas âge n’a pas été prise en considération : nous n’étions pas censés avoir de soucis de garde ou d’inscriptions à l’école alors même qu’on nous faisait déménager tous les six mois. L’ENA donnait vraiment l’impression d’être conçue pour des jeunes gens sortant des études et dégagés de toutes contingences. J’espère que les choses ont évolué depuis. Cela dit, je n’ai jamais regretté d’avoir entrepris ce parcours et si c’était à refaire, je le referais.
En quoi le fait d’être devenu haut fonctionnaire après une première vie professionnelle, a-t-il constitué un atout dans votre contribution à la mise en oeuvre d’une politique publique ? de réformes ? N’hésitez pas à donner un exemple.
Ma vie d’avant l’ENA m’a certainement dotée d’une ouverture d’esprit, d’une indépendance, d’une capacité d’adaptation et d’une créativité que je n’aurais peut-être pas pu déployer de la même manière si j’avais suivi la voie classique ”sciences-Po-ENA”. Pour mener mes activités d’éditrice, j’avais créé une petite société : je rassemblais des équipes de correcteurs et de graphistes indépendants en fonction des manuscrits qui m’étaient confiés. J’ai donc appris à ”manager” et à travailler ”en mode projet” de manière empirique et sans savoir que c’était théorisé dans des manuels. J’ai aussi toujours eu envie de faire un travail utile, dont il reste quelque chose. Dans l’édition, il y avait un livre au bout de l’effort, qui, je l’espère, pouvait apporter des connaissances à ceux qui le lisaient. Dans les CRC, je pense qu’au-delà de l’aspect purement ”contrôle”, nous sommes aussi là pour produire de la connaissance. Cela devient d’autant plus vrai que les juridictions financières conduisent désormais des évaluations de politiques publiques. C’est un nouveau métier passionnant : nous ne nous demandons plus seulement si la dépense publique a été régulière et efficiente, nous examinons en quoi elle a permis de modifier une situation ou des comportements. Tout au long de ma carrière, mon expérience d’éditrice m’a été très utile. Dans les juridictions financières, nous produisons des rapports qui sont publiés. Ils doivent être accessibles au citoyen, et développer des idées clairement articulées, même si le sujet est complexe. Ils doivent, autant que possible, être agréables à lire, comporter des graphiques éclairants, des cartes, des synthèses et des titres permettant une consultation aisée. J’ai donc pu appliquer tout ce que j’avais appris dans l’édition aux documents que je rédigeais moi-même et plus encore quand, devenue présidente de section puis présidente de chambre régionale, j’ai eu à coordonner et réviser les travaux effectués par d’autres magistrats. Présider une CRC, c’est aussi être en quelque sorte patronne d’une maison d’édition.
Pourriez-vous partager une anecdote qui est particulièrement mémorable d’une situation professionnelle au cours de votre carrière ?
Je n’ai pas d’anecdote particulièrement remarquable, qui refléterait à elle seule ma carrière. Il y avait cette excitation lorsque je trouvais les preuves d’une atteinte à la probité dans mes contrôles, ou des expéditions improbables dans la campagne pour des contrôles sur place. Des situations étonnantes lors des missions internationales, par exemple la visite de camps de réfugiés en Afrique, ou lors de mon expérience en Guadeloupe, où je me suis trouvée seule à négocier avec les représentants de la grande distribution un dispositif de baisse des prix sur certains produits de première nécessité. Ma carrière a été jalonnée d’une variété de situations, parfois drôles, réjouissantes, parfois anxiogènes, que je garde en mémoire. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui, après une première expérience dans le privé, souhaite s’engager au service de la puissance publique ? “Restez vous-même et gardez l’esprit ouvert”.
Enfin, en quelques mots…
Les causes qui vous tiennent à cœur : L’égalité des chances, l’égalité femmes-hommes.
Une lecture inspirante : ”Soumission à l’autorité” (Stanley Milgram)
Une citation qui vous inspire : ”Il n’y a de réussite qu’à partir de la vérité” (Charles de Gaulle)
Le meilleur conseil qu’on vous ait donné : ”Ne t’autocensure pas”!
”J’étais consultant spécialisé dans le secteur santé/social, expert des questions de vieillissement et je suis devenu haut fonctionnaire”
Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours avant votre entrée à l’ENA (origine familiale et géographique, valeurs, parcours professionnel, engagements divers…)?
Je suis né à Dax (40) dans une famille à la fois de commerçants ou exploitants agricoles et de fonctionnaires. Je suis marié et j’ai trois enfants aujourd’hui étudiants. La première étape de ma carrière professionnelle, après des études à HEC Paris, a été consacrée à l’assurance et la protection sociale puis, plus largement dans le champ de la santé, du social, et du médico-social. J’ai officié comme cadre au sein de grands groupes d’assurance (UAP puis AXA), animant des équipes, pilotant des projets de transformation, tout en acquérant au fil des années, y compris comme enseignant et consultant, une compétence sur les questions sociales (formation complémentaire en actuariat à l’Université Paris VI, puis économie de la santé et du social au CNAM).
Pouvez-vous décrire la ou les expériences les plus enrichissantes de votre carrière de haut fonctionnaire ? Les moments clés de votre parcours ?
Je suis entré à l’ENA avec le projet de devenir magistrat financier puis de faire des allers-retours entre administration active et la Cour des comptes. Pendant cinq ans, j’ai appris, au sein de la chambre régionale des comptes Ile de France/chambre territoriale Saint-Pierre et Miquelon, ce métier de magistrat financier dans ses différentes facettes (contrôle organique, juridictionnel, saisie de la Cour de discipline budgétaire et financière, rapporteur sur la mission LIBAULT…), tout en restant spécialisé sur le secteur santé/social. J’ai pu assez rapidement participer à des missions internationales, dans le cadre du mandat de commissariat aux comptes du PAM (programme alimentaire mondial). J’ai pu également poursuivre, de manière accessoire, les activités d’enseignement en licence ou master auxquelles je suis très attaché.
Que vous a apporté le fait de faire l’ENA ? En quoi avez-vous grandi ?
J’ai fait de très belles rencontres, à la fois d’intervenants et d’élèves fonctionnaires (à l’ENA, à l’INET, dans les IRA). Je n’oublie pas également mes maitres de stage (dans l’administration allemande, le préfet de Maine-et-Loire, le PDG de VEOLIA). J’ai également vécu intimement à l’ENA l’ambition, voulue par Michel Debré et contenue dans l’ordonnance du 9 octobre 1945, d’un recrutement diversifié des hauts fonctionnaires d’État grâce à la mise en place d’un concours d’accès unique à la fonction publique, ainsi que le décloisonnement des parcours. En revanche, j’ai trouvé l’Ecole en retrait par rapport à la dimension européenne ainsi que le projet de modernisation de l’administration, par rapport à ce que j’avais imaginé avant d’y entrer.
En quoi le fait d’être devenu haut fonctionnaire après une première vie professionnelle, a-t-il constitué un atout dans votre contribution à la mise en œuvre d’une politique publique ? de réformes ? N’hésitez pas à donner un exemple.
Une des grandes réussites à la fois économique et sociale des 70 dernières années est sans nul doute le système de protection sociale développé en France et en Europe, apportant au plus grand nombre une couverture contre les aléas de la vie (maladie, handicap, vieillesse…). Des générations de hauts-fonctionnaires ou commis de l’Etat, à l’instar de Michel DEBRE, Alexandre PARODI, Pierre LAROQUE ont oeuvré pour mener à bien ces politiques. Mon objectif est de m’inscrire, à ma place, dans leur prolongement et de m’investir sur ces sujets dans les 20 prochaines années de ma carrière professionnelle.
Pourriez-vous partager une anecdote qui est particulièrement mémorable d’une situation professionnelle au cours de votre carrière ?
J’ai rejoint le 1er février 2021 le ministère des solidarités et de la santé, comme directeur de projet ”transformation des agences sanitaires”, auprès du Directeur général de la santé. Cette direction générale est emblématique de la raison d’être de l’Administration. L’action de l’État ne se limite plus aux seules fonctions liées à l’exercice de la souveraineté (fonctions régaliennes). Son champ d’intervention s’est étendu à de nombreux domaines où existe un intérêt général qui ne peut être satisfait par la seule action des particuliers ou des entreprises (ex : éducation, culture, recherche, santé, accompagnement social…). Que ce soit en temps de paix ou temps de crise (comme actuellement avec la pandémie COVID-19), il s’agit tout à la fois de tenir ensemble des objectifs souvent contradictoires : les priorités à court terme en même temps que celles à moyen-long terme, les réponses adaptées aux situations locales en même que l’égalité de traitement au niveau national, la nécessité de couvrir les besoins en même temps que celle de gérer avec parcimonie les finances publiques. De même, plus que toutes les déclarations d’intention, la pandémie COVID-19 a permis de renforcer significativement, et concrètement au quotidien, la coopération entre le ministère, avenue de Ségur à Paris 07, et les services de la Commission à Bruxelles.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui, après une première expérience dans le privé, souhaite s’engager au service de la puissance publique ?
Longtemps, des personnes ayant réussi dans le privé, dans leur domaine professionnel, se sont autocensurées en fonction de la perception qu’elles avaient de la difficulté du concours ENA et de la complexité de l’organisation de l’Administration. La fin des parcours de carrière linéaires dans le public comme dans le privé incite nombre de profils nouveaux (entrepreneurs, cadres d’entreprise ou consultants, mais également professions libérales, élus, responsables associatifs) à franchir le pas pour rejoindre le secteur public et mettre leurs compétences au service de projets d’intérêt général. Il faut, en consultant plusieurs avis, s’interroger sur le sens de cet engagement, et les modalités RH en vigueur au sein de l’Administration, avant d’être candidat.
Enfin, en quelques mots…
Les causes qui vous tiennent à cœur : l’Europe, la coopération franco-allemande, les objectifs de développement durable pour parvenir à un avenir meilleur et plus durable pour tous.
Une lecture inspirante : ”vies minuscules” (Pierre Michon)
Une citation qui vous inspire : ”Aucun de nous ne sait ce que nous savons tous, ensemble” (Euripide)
Le meilleur conseil qu’on vous ait donné : ”Regarder devant soi”
”J’étais ingénieur télécoms et je suis devenu haut fonctionnaire”
Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours avant votre entrée à l’ENA ?
46 ans, marié et père de deux enfants. Je suis né et ai grandi à Tours, élevé dans un milieu modeste. Après avoir obtenu une maîtrise de physique à l’Université Pierre et Marie Curie, j’ai enchainé par un diplôme d’ingénieur en télécommunications de l’Institut Galilée, situé sur le campus de l’Université Paris XIII à Villetaneuse. Je suis également titulaire d’un MBA de l’IAE de Paris. Je me considère comme un pur produit de la méritocratie républicaine.
En 2000, je débute ma carrière comme ingénieur d’études radio à la direction technique de Bouygues Télécom. En 2002, je rejoins le groupe France Télécom pour y occuper différents postes durant huit ans : responsable des programmes 2G/3G chez Orange, ingénieur d’affaires puis directeur marketing chez Orange Business Services. En parallèle à mes activités professionnelles, j’ai enseigné l’ingénierie des réseaux mobiles à Centrale Paris, Télécom Paris et HEC pendant plusieurs années.
Pouvez-vous décrire la ou les expériences les plus enrichissantes de votre carrière de haut fonctionnaire ? Les moments clés de votre parcours ?
Nommé administrateur civil à la Direction générale des ressources humaines (DGRH) du Ministère de lʼEnseignement supérieur, de la Recherche et de lʼInnovation (MESRI) à ma sortie de l’ENA fin 2012, j’occupais alors la fonction de chef du département des enseignants-chercheurs hospitalo-universitaires. Ces derniers sont à la fois sous la tutelle du ministère de la santé et de celle du supérieur. Cette première expérience interministérielle fut passionnante à plus d’un titre. Je travaillais ainsi en étroite coopération avec les centre hospitaliers universitaires (CHU) et les doyens des facultés de médecine de toute la France.
En 2015, j’ai effectué ma mobilité statutaire à l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) comme directeur des relations avec les universités et les organismes de recherche. Pendant 4 ans à l’AP-HP, l’un des plus grands et prestigieux CHU d’Europe, j’ai pu m’investir sur des projets motivants liés aussi bien à l’innovation biomédicale qu’aux formations de santé. J’ai eu la chance de collaborer au quotidien aussi bien avec des sommités médicales de la recherche clinique que des soignants engagés au service des patients. Cela vous rend à la fois humble et fier de soutenir le service public de santé.
Depuis juillet 2019, je suis Secrétaire général de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). Dans cet institut à taille humaine, je traite diverses problématiques du management public à hauteur d’homme. C’est exigeant et formateur à la fois. Je m’investis aussi dans la transformation de l’organisation et de l’offre de formation de l’IHEDN. Enfin, en tant qu’ancien auditeur de l’IHEDN, je peux, à ce poste, continuer d’approfondir mon intérêt pour les enjeux de défense et de sécurité.
Que vous a apporté le fait de faire l’ENA ? En quoi avez-vous grandi ?
En rejoignant la haute fonction publique par l’ENA, je travaille désormais au service de nos concitoyens, ce qui procure une gratification morale unique.Grâce à l’ENA, j’ai réussi ma mutation de cadre supérieur du privé en un haut fonctionnaire rompu aux techniques de gestion publique et maîtrisant l’ingénierie des politiques publiques.Avec le recul, le point fort de la formation proposée par l’ENA est son caractère généraliste et opérationnel visant à éclairer la prise de décision publique. Cet atout unique fait de moi un haut fonctionnaire de terrain, à la fois mobile intellectuellement et fidèle aux valeurs qui fondent et font notre pays.
En quoi le fait d’être devenu haut fonctionnaire après une première vie professionnelle, a-t-il constitué un atout dans votre contribution à la mise en œuvre d’une politique publique ? de réformes ? N’hésitez pas à donner un exemple.
Avoir une première expérience professionnelle dans le privé, notamment en management direct et transverse, a grandement facilité la prise de poste pour diriger des équipes. Ma forte culture en management de projets complexes m’est précieuse, pour réussir à concevoir et piloter en mode matriciel les politiques publiques attendues. Autre exemple plus systémique, les acteurs de recherche publique (Établissements publics à caractère scientifiques - EPST, ainsi que culturels et professionnels - EPSCP, de santé - EPS, etc…) diversifient de plus en plus leurs ressources financières en mobilisant le secteur privé, à la fois comme co-financeur et co-innovateur. Les Instituts hospitalo-universitaires (IHU) financés par le Programme d’investissements d’avenir (PIA) sont un exemple. Un équilibre est donc à trouver entre l’indispensable soutien public à apporter à la recherche fondamentale et les incitations pour construire des programmes technologiques de recherche appliquée créateurs de croissance économique et d’emplois. Mon profil privé-public et ma double formation Ingénieur/ENA ont été des atouts dans la mise en œuvre des programmes d’investissements du PIA lors de mes précédentes fonctions à l’AP-HP.
Pourriez-vous partager une anecdote qui est particulièrement mémorable d’une situation professionnelle au cours de votre carrière ?
En février 2013, à peine sorti de l’ENA, j’ai eu l’opportunité de participer avec des camarades de promotion à une table ronde d’un colloque de trois jours organisé conjointement par l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et le Conseil d’Etat. L’intitulé était “Faire des choix ? Les fonctionnaires dans l’Europe des dictatures, 1933-1948”. L’inauguration de la manifestation avait été faite par le Président de la République dans le grand amphi de la Sorbonne. Le succès des conférences présidées par le Vice-président du Conseil d’Etat fut tel que les actes du colloque ont été publiés à la Documentation française. C’est un très beau souvenir pour démarrer sa carrière dans la fonction publique.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui, après une première expérience dans le privé, souhaite s’engager au service de la puissance publique ?
Tout d’abord de partager son souhait avec sa famille car intégrer la haute fonction publique, via des concours par exemple, exige beaucoup d’efforts préalables ayant inévitablement des conséquences sur son entourage. Ce projet de vie est donc une aventure collective qui requiert le soutien et l’adhésion de sa famille. Etre au clair avec soi-même pour identifier précisément les raisons profondes entraînant ce changement radical de carrière, afin d’en analyser toutes les implications dans la durée. Au-delà d’une vocation tardive et sans verser dans l’irénisme, c’est au travers du prisme de l’engagement pour l’intérêt général que doit être mené ce travail d’introspection.Ne pas hésiter aussi à rencontrer des hauts fonctionnaires qui ont fait ”le grand saut” pour échanger avec eux. Pour finir, n’évoquant que mon cas personnel, j’encourage tout cadre du privé à se mettre au service de la puissance publique s’il se sent prêt. Le jeu en vaut largement la chandelle.
Enfin, en quelques mots…
Les causes qui vous tiennent à cœur : L’éducation, l’égalité des chances, la justice sociale, la promotion des valeurs républicaines.
Une lecture inspirante : ”Le savant et le politique”, de Max Weber
Une citation qui vous inspire : ”Ce n’est pas parce-que les choses sont difficiles que nous n’osons pas mais c’est parce que nous n’osons pas que les choses sont difficiles” Sénèque
Le meilleur conseil qu’on vous ait donné : Le plus beau reste toujours à venir.
”J’étais directrice d’un festival littéraire et je suis devenue haut-fonctionnaire”

Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours avant votre entrée à l’ENA (origine familiale et géographique, valeurs, parcours professionnel, engagements divers…)?
Je suis originaire de Bretagne et j’ai grandi en partie en Allemagne. Ma mère, professeur de français, m’a transmis le goût de la littérature, et mon père, militaire, celui des défis. Après des études de lettres, j’ai été reçue à Sciences Po Paris, où j’ai monté un festival de théâtre étudiant avec un collectif d’élèves. J’ai travaillé sept ans en tant qu’éditrice de littérature française et étrangère à Paris. Ensuite, j’ai rejoint la direction de la communication de l’Agence française de développement pour exercer des fonctions de responsable éditorial et événementiel. En parallèle, je suis devenue marraine pour l’association Nos quartiers ont du talent. Enfin, je suis partie à Caen, en Normandie, pour prendre la tête d’un festival, Époque, dont l’objectif est de faire dialoguer des auteurs de fiction et de non-fiction autour d’enjeux contemporains.
Pouvez-vous décrire la ou les expériences les plus enrichissantes de votre carrière de haut fonctionnaire ? Les moments clés de votre parcours ?
Je suis devenue haut-fonctionnaire il y a un an, en rejoignant la DGAFP, la DRH de l’Etat, à la sortie de l’ENA. Mon poste de chef de bureau de l’Encadrement supérieur et des politiques d’encadrement me permet d’avoir une vision panoramique des pratiques RH et de transformation de l’Etat, mais aussi de travailler en réseau avec de nombreux interlocuteurs dans les ministères, ce qui constitue une richesse. Avec mon équipe, composée d’une quinzaine d’agents très impliqués, je peux contribuer à faire avancer des sujets qui me tiennent à coeur, tels que l’évolution de la culture managériale et de l’organisation du travail au sein de l’Etat, l’innovation publique, l’égalité entre les femmes et les hommes, l’égalité des chances.
Que vous a apporté le fait de faire l’ENA ? En quoi avez-vous grandi ?
J’ai fait l’ENA après une première partie de carrière déjà bien remplie. Cependant, j’y ai beaucoup appris. D’abord au contact des dirigeants qui m’ont accueillie en stage : à l’UNESCO, à la Région Ile-de-France puis chez Pfizer. Ensuite, durant la formation, grâce à des ateliers pratiques sur la gestion de crise, le média training, la négociation, l’innovation. Enfin, de par les échanges nourris et les liens d’amitié tissés avec d’autres élèves de la promotion, aux profils singuliers.
En quoi le fait d’être devenu haut fonctionnaire après une première vie professionnelle, a-t-il constitué un atout dans votre contribution à la mise en œuvre d’une politique publique ? de réformes ? N’hésitez pas à donner un exemple.
Rejoindre la fonction publique d’État après avoir travaillé à la fois dans le secteur privé, chez un opérateur et dans la fonction publique territoriale, offre l’opportunité de porter un regard neuf, d’interroger les pratiques, de proposer des solutions différentes et pragmatiques. Aujourd’hui, j’observe que la mise en place du télétravail au sein de l’Etat permet de cheminer vers des modes d’organisation plus souples, vers davantage de délégation et de management par objectifs : toutes choses que j’ai déjà expérimentées dans le secteur privé et que je peux utilement contribuer à promouvoir.
Pourriez-vous partager une anecdote qui est particulièrement mémorable d’une situation professionnelle au cours de votre carrière ?
Avoir organisé un bal littéraire avec l’IMEC (Institut mémoires de l’édition contemporaine) à l’Abbaye d’Ardenne, en tant que responsable du festival Epoque, piloté par la ville de Caen.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui, après une première expérience dans le privé, souhaite s’engager au service de la puissance publique ?
Tout d’abord de partir à la rencontre d’autres personnes ayant fait ce chemin, pour bénéficier de leur retour d’expérience. L’association ENA 3C est là pour ça !
Enfin, en quelques mots…
Les causes qui vous tiennent à cœur : L’accès à la culture; l’égalité des chances
Une lecture inspirante : Une chambre à soi de Virginia Woolf
Une citation qui vous inspire : ”Le plus beau métier d’homme est le métier d’unir les hommes” (Antoine de Saint-Exupéry)
Le meilleur conseil qu’on vous ait donné : “Tremble, mais ose”


“Mon programme à l’ENA: stages UNESCO, Région Ile de France, Pfizer, ateliers gestion de crise, média training, négociation, innovation. A rebours des idées reçues!”
“Après l’ENA, faire avancer l’innovation publique, l’égalité femmes-hommes, l’égalité des chances, c’est possible!”
”J’étais conseil en organisation et je suis devenue haut fonctionnaire”

Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours avant votre entrée à l’ENA (origine familiale et géographique, valeurs, parcours professionnel, engagements divers…)
Mon histoire personnelle ne ferait pas la une des journaux. Elle comporte sa part de bonheur (l’amour dont j’ai été entourée, et c’est, nous dit Cyrulnik, le plus important), les valeurs très positives que j’ai reçues, et sa part d’ombre… Aujourd’hui mon point de rattachement et de respiration est en Normandie (ex Basse- Normandie). Très jeune, je me suis sentie concernée par ce qui se passe dans notre société, dans le monde. J’ai intégré l’ENA à 40 ans par le troisième concours, après une année de préparation dans laquelle je me suis totalement investie. Cela marcherait ou pas ; je n’avais pas l’intention de tenter deux fois. J’avais 4 enfants jeunes dont un petit dernier de 2 ans et quelque. Pourquoi l’ENA ? Petit retour en arrière sur les années 90 : grands débats sur le rôle de l’Etat, sur le libéralisme, le néo-management, etc. en fait, c’est un vrai tournant, mais on ne le sait pas encore. Toujours est-il que j’ai envie d’aller voir de plus près, de l’intérieur de l’Etat, et de servir l’intérêt général. Et puis c’est un challenge : j’ai sans doute eu envie de me prouver que je parviendrais à le faire ! L’ENA est alors auréolée d’un grand prestige, faut-il le rappeler aujourd’hui ?
Pouvez-vous décrire la ou les expériences les plus enrichissantes de votre carrière de haut fonctionnaire ? Les moments clés de votre parcours ?
J’ai envie de dire que j’ai eu de la chance mais en réalité il est probable que cette période nous a offert cela, à une majorité de hauts fonctionnaires. J’ai pu conduire beaucoup de réformes importantes dans les politiques publiques dont j’ai eu la charge. Qu’on en juge : en transformant substantiellement le dispositif national d’accueil des demandeurs d’asile et réfugiés dans un cadre très interministériel, en expérimentant des innovations sociales et développant l’économie sociale et solidaire avec la Ville de Paris, en accompagnant les transformations apportées par la RGPP puis la MAP au Secrétariat général des ministères chargés des affaires sociales, en organisant au ministère du travail le transfert d’un petit établissement public de recherche sous tutelle DARES vers le CNAM, en coordonnant la mise en œuvre d’une évolution massive de la politique d’égalité entre les femmes et les hommes, égalité devenue grande cause du quinquennat depuis 2017. Tout cela forme des moments clés et je veux insister sur l’environnement et la hiérarchie qui m’ont fait confiance lors de toutes ces étapes. En tant que manager aussi, je m’estime redevable de l’ouverture qu’il faut absolument favoriser et encourager auprès des équipes.
Que vous a apporté le fait de faire l’ENA ? EN quoi avez-vous grandi ?
L’ENA c’est à la fois du dur et du soft. Le dur c’est ce que l’on acquiert en termes de connaissances dans des matières variées, et de science administrative. Il est assez curieux que certains pourfendeurs de l’école laissent croire que ce corpus de connaissances ne serait pas nécessaire pour aller conduire des politiques publiques. Dangereux d’ailleurs : si la construction d’un Etat est longue, la perte du bien commun peut toujours être rapide. Du soft: c’est l’environnement, les codes, les cadres… Toute organisation a sa culture, son histoire, ses fondamentaux. L’ENA donne des clés. J’avais peur d’être très décalée, en tant que femme de 40 ans, maman, et avec mon pragmatisme assumé ; cela n’a pas été le cas, enfin pas plus que de normal. J’ai découvert plein de personnalités incroyables. Et des relations fabuleuses avec des élèves étrangers si épris de notre pays ! Evidemment, je me suis investie dans la délégation des élèves. L’ENA c’est l’occasion d’avoir un regard large et totalement circulaire sur tous les grands enjeux de l’action de l’Etat et on le met encore à profit quinze ans après…
En quoi le fait d’être devenu haut fonctionnaire après une première vie professionnelle, a-t-il constitué un atout dans votre contribution à la mise en œuvre d’une politique publique ? de réformes ? N’hésitez pas à donner un exemple.
Mon histoire d’avant, c’est un peu comme le village dont parle Miss Marple dans les livres d’Agatha Christie. Tout a été transposable de ma vie professionnelle d’avant, que ce soit mon expérience de conseil à la création d’entreprises, ma participation à des projets et partenariats nouveaux ou aux réflexions sur l’impact du numérique pour la Chambre de commerce et d’Industrie de Paris, que ce soit mes incursions précédentes dans des domaines variés et ce que j’y ai appris d’essentiel en termes de relations humaines et de respect des autres. En fait, j’avais le mode projet déjà chevillé au corps. Quand on arrive dans la fonction publique par le troisième concours, on apporte une expérience, une personnalité ; si je voulais prendre la sculpture comme référence, je dirais que la matière est déjà travaillée.
Pourriez-vous partager une anecdote qui est particulièrement mémorable d’une situation professionnelle au cours de votre carrière ?
Une anecdote pour faire sourire plutôt. Pour un entretien en vue d’une prise de poste, j’arrive au lieu convenu, on me dit de m’assoir dans le bureau et que la personne que je dois voir me rejoint. Je regarde les lieux, évalue que la place du visiteur doit être là, je m’assieds et lorsque la personne arrive, elle me fait gentiment remarquer que j’ai pris sa place… Bon, l’entretien s’est bien passé…
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui, après une première expérience dans le privé, souhaite s’engager au service de la puissance publique ?
Je lui dirais d’y aller, et qu’il peut apporter beaucoup. A condition aussi de savoir être modeste et vouloir apprendre. Je lui dirais que son engagement ne doit pas cibler la gloire : il arrive bien souvent que nous soyons dans les soutes. Mais que l’envie de servir l’intérêt général est un puissant moteur.
Mon conseil serait aussi de veiller à se préserver un peu de vie personnelle et sociale… On est vite totalement aspiré.
Enfin, en quelques mots…
Les causes qui vous tiennent à cœur : l’égalité entre les femmes et les hommes bien sûr, le développement d’une société qui donne sa chance à tous avec un modèle diversifié de réussites, la laïcité qui est le gage de la liberté de chacun.
Une lecture inspirante : ”Eloge du carburateur” (Matthew B. Crawford)

Tout a été transposable de ma vie professionnelle d’avant l’ENA, mon expérience de conseil à la création d’entreprises, ma participation à des projets et partenariats nouveaux ou aux réflexions sur l’impact du numérique pour la CCI de Paris.
”J’étais entrepreneur social, dans l’univers du chocolat artisanal, et je suis devenu haut fonctionnaire”
Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours avant votre entrée à l’ENA (origine familiale et géographique, valeurs, parcours professionnel, engagements divers…)
Originaire d’un petit village de 2000 habitants dans les Alpes de haute Provence, je suis le premier fils d’un médecin généraliste de campagne, maire de son village pendant quatre mandats, et d’une maman qui a été successivement mère au foyer, antiquaire, chargée de mission pour une plateforme d’initiative locale et enfin responsable qualité à l’hôpital de Manosque. Mon épouse est franco ivoirienne et nous sommes parents de trois garçons.
Après une prépa à Marseille, un cursus à l’ESSEC, l’adhésion à la philosophie de l’entrepreneuriat social, un coup de cœur pour l’Amérique latine et une inspiration née de la visite d’une chocolaterie au Mexique, j’ai créé mon entreprise directement à la sortie de l’école. J’ai ouvert ma première boutique de chocolat en 2006 à Paris, dans le 17e arrondissement sous le nom de Puerto Cacao et ai ensuite dirigé cette petite entreprise artisanale pendant près de 10 ans. J’ai fait de cette société une entreprise d’insertion, distributrice de produits exclusivement issus du commerce équitable, et dont un grand nombre de partenaires étaient également des structures du secteur adapté, de l’insertion et plus généralement de l’ESS (économie sociale et solidaire). Après presque 10 années à la fois enrichissantes et éprouvantes, j’ai cédé Puerto cacao en 2014 à un groupe associatif français.
Pouvez-vous décrire la ou les expériences les plus enrichissantes de votre carrière de haut fonctionnaire ? Les moments clés de votre parcours ?
Après 10 années de pratique sur le terrain d’une structure d’insertion par l’activité économique (IAE), j’ai eu la chance d’intégrer une équipe de la Cour des comptes, dès ma prise de poste en tant que magistrat financier. Cette équipe avait pour mission de réaliser une enquête sur la politique publique de l’IAE. Pendant quelques mois, à leurs côtés j’ai contribué, humblement – mais efficacement je pense – à leur faciliter la rencontre avec de nombreux dirigeants de structures d’insertion par l’activité économique ainsi que des responsables de réseaux de l’IAE, leur faire découvrir ”le dernier kilomètre” de cette politique publique. En parallèle, je découvrais la façon dont le ministère du travail, Pôle Emploi et les principales structures publiques en charge de la conduite de cette politique la concevaient et la pilotaient. Une immersion de l’autre côté du miroir en quelque sorte. Au final, la compréhension à 360° des rouages de cette politique publique et un beau rapport qui reconnaissait l’efficacité de cette politique et revendiquait – fait plutôt rare – de soutenir les efforts budgétaires de l’Etat en sa direction. Dynamique qui se traduit depuis 2018 dans le fait que l’IAE constitue un élément central dans la stratégie pauvreté du Gouvernement et bénéficie de concours de l’Etat augmentés de plus de 300 M€ depuis la publication du rapport.
Que vous a apporté le fait de faire l’ENA ? En quoi avez-vous grandi ?
Un grand nombre d’enseignements et de compétences nouvelles :
Une culture juridique et institutionnelle qui me permet de décrypter aujourd’hui les coulisses de la prise de décision publique dans notre pays;
Un accès facilité à un grand nombre de décideurs publics ou privés, locaux ou d’envergure nationale, élus, responsables administratifs, chefs d’entreprises, représentants de réseaux patronaux, syndicaux, associatifs;
Des compétences en termes de rédaction juridique, de compréhension des mécanismes de finances publiques ou encore de conduite de projets dans un environnement complexe et multi-partenarial ;
Mais aussi un regard lucide sur quelques travers qui nécessitent, à mes yeux, de faire évoluer la culture administrative : une posture rarement entrepreneuriale, un déficit fréquent de management de proximité, une culture centrée souvent davantage sur les procédures que sur l’impact réel des décisions sur la vie des gens, une méconnaissance fréquente des mécanismes psychologiques qui déterminent le comportement de dirigeants du privé (entreprises, associations, ONG) – en particulier le souci, souvent inexistant dans l’administration, des dépenses ET des apports (ou recettes) générées par une équipe / un projet / une activité.
En quoi le fait d’être devenu haut fonctionnaire après une première vie professionnelle, a-t-il constitué un atout dans votre contribution à la mise en œuvre d’une politique publique ? de réformes ? N’hésitez pas à donner un exemple.
Je pense à deux exemples évidents. Tout d’abord, je pense que ma posture de praticien de terrain pendant près de 10 ans d’un petit « opérateur privé de politique publique » a véritablement contribué à construire un regard pratique, concret et empathique de l’équipe de la Cour à l’égard de ces acteurs qui font ”le dernier kilomètre” de cette politique publique.
Indépendamment de mon parcours professionnel, je pense que l’influence de mon environnement familial, en particulier de mon père, élu local, entrepreneur d’intérêt général de son territoire, me conduit aujourd’hui à adopter une posture en tant que magistrat qui sait clairement faire la part des choses entre notre mission de contrôle de l’usage de l’argent public et notre mission de conseil à l’égard des élus et services des collectivités qui se battent pour faire vivre la chose publique. Une plus-value que je détiens en tant que ”fils d’élu” et que d’autres 3e concours apportent eux même en tant qu’anciens élus.
Pourriez-vous partager une anecdote qui est particulièrement mémorable d’une situation professionnelle au cours de votre carrière ?
Nous sommes en 2011, avant mon entrée à l’ENA. Une de mes salariées en insertion, une jeune femme, vivant dans un foyer, mère isolée de 3 enfants, dont une petite fille très malade, m’indique vouloir démissionner de son contrat d’insertion (un CDD d’insertion). Moralement atteinte par une aggravation subite de l’état de santé de sa fille, elle m’indique en outre avoir subi à plusieurs reprises le comportement trop ”proche” d’un de mes encadrants, que je sais au fond bienveillant à son égard, mais extrêmement maladroit et dans une posture managériale inadaptée. Avec la chargée d’insertion professionnelle de mon entreprise et la conseillère pôle emploi en charge de nous accompagner, nous convenons de lui proposer une rupture anticipée de CDD pour cause d’inaptitude afin de lui permettre de se consacrer aux soins de sa fille, tout en bénéficiant d’une allocation d’aide au retour à l’emploi. En parallèle, après vérification des faits dont elle m’avait fait part, je mets un avertissement à l’encadrant visé.
En fin d’année, lors du traditionnel ”dialogue de gestion” avec la DIRECCTE, cette situation est évoquée. L’occasion pour moi de me faire reprocher la dissimulation de pratiques de harcèlement moral et de me voir annoncer un risque de déconventionnement du statut d’entreprise d’insertion. Un mois plus tard intervient un contrôle de l’inspection du travail – finalement sans conclusion négative majeure. J’ai appris ultérieurement qu’il était intervenu suite au signalement de ma référente IAE de la DIRECCTE.
Moi qui me pensait partenaire de l’Etat pour l’insertion des plus fragiles, j’ai ressenti à ce moment-là un grand découragement. Une anecdote (parmi d’autres) qui aura nourri mon envie de rejoindre la haute administration et de la découvrir de l’intérieur.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui, après une première expérience dans le privé, souhaite s’engager au service de la puissance publique ?
Avant tout conseil, un appel. Si vous avez en vous l’envie d’œuvrer pour l’intérêt général, si vous avez une expérience de terrain, si vous avez vécu, d’une façon ou d’une autre la vie réelle d’un porteur de projet, l’expérience d’une relation avec une ou des administrations, alors la haute fonction publique a besoin de vous. C’est un fait. La haute fonction publique a besoin de davantage de praticiens, d’entrepreneurs, de dirigeants de TPE, d’associations et plus largement de petites structures de proximité. J’ose croire qu’elle en prend chaque jour un peu plus conscience. D’où mon conseil : tentez.
Enfin, en quelques mots…
Les causes qui vous tiennent à cœur : la construction d’une société plus soudée, plus fraternelle, dans laquelle on considère qu’être digne et fort, c’est de ne pas accepter de laisser sur le côté du chemin 2,5 à 3 millions de personnes durablement éloignées de l’emploi
Une lecture inspirante : ”Plaidoyer pour le bonheur”, de Matthieu Ricard ; ou encore ”La tête, le cœur, les mains” de David Goodhart.
Une citation qui vous inspire : ”Il est moins grave de perdre que de se perdre”, Romain Gary.
Le meilleur conseil qu’on vous ait donné : ”Si tu te prépares à combattre, peu importe à la fin si tu gagnes ou si tu perds. Fais juste en sorte d’être fier de la façon dont tu as combattu”. Mon pépé.
”J’étais avocate et je suis devenue haut fonctionnaire”

Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours avant votre entrée à l’ENA (origine familiale et géographique, valeurs, parcours professionnel, engagements divers…)
J’ai grandi à Paris. Ma mère, professeur de lettres, s’est beaucoup investie dans le secteur social et en particulier dans la formation continue et mon père, haut-fonctionnaire, m’a transmis le sens de l’Etat et la nécessité de défendre l’intérêt général, avant tout. J’ai néanmoins commencé ma vie professionnelle comme avocate au barreau de Paris, où j’ai travaillé dans le domaine du droit des affaires et du droit boursier. Soucieuse de trouver un sens et une règle à l’exubérance irrationnelle de la finance, j’ai réalisé, tout en travaillant, une thèse de droit sur ”les marchés financiers et l’ordre public”. Une fois cette dernière soutenue et publiée, j’ai compris que je souhaitais m’engager à temps plein dans la fonction publique, pour pouvoir contribuer au bon fonctionnement du service public.
Pouvez-vous décrire la ou les expériences les plus enrichissantes de votre carrière de haut fonctionnaire ? Les moments clés de votre parcours ?
J’ai beaucoup appris tant à la Direction générale du trésor, où j’ai passé mes premières années après l’Ena au poste de représentation de la France au FMI, qu’à la Cour des comptes, où j’ai effectué ma mobilité avant d’y être intégrée comme conseillère référendaire. Ces deux expériences m’ont donné une bonne vision du fonctionnement de l’Etat et mieux fait comprendre les difficultés structurelles qu’il doit être capable de surmonter dans un monde en perpétuelle mutation. S’agissant des politiques publiques auxquelles je me suis consacrée dans mes fonctions - les aspects budgétaires et macro-économiques d’une part, les questions de finances sociales et de santé d’autre part -, j’ai beaucoup appris et développé des compétences d’analyse stratégique qui m’ont été précieuses.
Que vous a apporté le fait de faire l’ENA ? EN quoi avez-vous grandi ?
J’ai appris deux choses lors de ma scolarité à l’ENA. D’abord, lors de mon stage en Préfecture, dans le Val d’Oise, qui fut très instructif et passionnant, j’ai senti et vécu ce que représentait l’État, concrètement, dans les territoires. Outre les problèmes de sécurité intérieure, les difficultés sociales et, à l’époque, la campagne de vaccination que nous avions mise en œuvre pour lutter contre le H1N1, j’ai vu que, contrairement aux idées reçues, l’État est capable d’agir vite et bien pour protéger nos concitoyens, ce qui est une force et une fierté pour notre pays. Ensuite, dans le cadre des travaux de groupe que j’ai eu à conduire avec mes camarades de promotion, j’ai compris l’importance du management, des ressources humaines et de la capacité à animer avec souplesse un collectif hétérogène pour conduire et mener à bien des projets complexes.
En quoi le fait d’être devenu haut fonctionnaire après une première vie professionnelle, a-t-il constitué un atout dans votre contribution à la mise en œuvre d’une politique publique ? de réformes ? N’hésitez pas à donner un exemple.
En février 2016, je suis entrée au gouvernement en tant que secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargée de l’aide aux victimes d’attentats, d’accidents collectifs, de catastrophes naturelles et infractions pénales. Il fallait tout construire parce que cette politique publique n’existait pas encore, et ne disposait pas d’une véritable administration en propre. J’ai donc fixé l’objectif de créer un service public de l’aide aux victimes. Je me suis appuyée tant sur les compétences acquises dans ma vie d’avocate, que sur celles développées notamment à l’ENA. A la fin du quinquennat, j’avais créé une administration véritablement interministérielle, installée à Matignon, à côté du SGAE (affaires européennes) et du SGDSN (défense et sécurité intérieure) : le Secrétariat général à l’aide aux victimes. Pour faire travailler ensemble plusieurs administrations issues de six ministères différents (la justice, l’intérieur, la santé, les affaires étrangères, de l’économie et des finances et des transports), je me suis appuyée sur mon expérience passé de haut-fonctionnaire. Cette double compétence m’a permis de gagner des arbitrages qui furent essentiels pour mieux protéger, indemniser, soigner et défendre les victimes.
Pourriez-vous partager une anecdote qui est particulièrement mémorable d’une situation professionnelle au cours de votre carrière ?
Lors de mon mandat ministériel, j’ai vécu des épisodes mémorables et traumatiques, l’un d’eux m’a particulièrement marquée. Ce fut lors de l’attentat du 14 juillet 2016, à Nice. Je craignais la dispersion des moyens, quand il fallait absolument que la coordination des services de l’État, mais aussi de la mairie, fut parfaite pour prendre soin des centaines de victimes. J’ai déménagé une partie de mon cabinet ministériel sur les lieux et nous avons pu, en peu de temps, ouvrir un lieu d’accueil unique pour permettre aux victimes d’être prises en charge, soutenues sur le plan psychologique, informées, indemnisées, accompagnées et orientées. Cela ne fut possible qu’avec tous les agents de l’Etat des six ministères concernés, mais également des bénévoles qui leur étaient souvent proches, qui ont tous répondu à l’appel et sont venus. L’entraide et la solidarité furent sans faille. Lorsqu’il est bien piloté et que les services sont bien coordonnés, l’État français sait être efficace, humain, solidaire et agile.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui, après une première expérience dans le privé, souhaite s’engager au service de la puissance publique ?
A ceux qui entendent donner une autre perspective à leur vie professionnelle et lui donner un sens lié à l’intérêt général, je conseille vivement de s’engager au service de l’Etat et plus généralement de la puissance publique.
Enfin, en quelques mots…
Les causes qui vous tiennent à cœur : la protection de l’enfance et de la jeunesse. L’égalité d’accès à la santé. La protection des libertés. La justice. La sécurité intérieure.
Une lecture inspirante : ”Etat d’exception” (Giorgio Agamben)
Une citation qui vous inspire : ”Il faut savoir ce que l’on veut. Quand on le sait il faut avoir le courage de le dire ; quand on le dit, il faut avoir le courage de le faire” (Clémenceau)
Le meilleur conseil qu’on vous ait donné : ”Les conseilleurs ne sont pas les payeurs”.
J’étais juriste et je suis devenue haut fonctionnaire”
Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours avant votre entrée à l’ENA (origine familiale et géographique, valeurs, parcours professionnel, engagements divers…)?
Plutôt classique, pardonnez-moi, mon parcours a été le fruit d’un cheminement assez long vers l’ENA. Après une classe préparatoire en lettres supérieures et un master 2 en droit public de l’économie à l’Université Paris II, j’ai exercé comme chargée de missions à l’UGAP, avant de rejoindre la Société du Grand Paris en tant que responsable juridique. Dix ans d’expérience professionnelle dans le cadre de deux établissements publics différents et de fonctions différentes m’ont ainsi permis de développer des compétences en droit public, ainsi que des savoir-faire en encadrant une équipe à l’UGAP et en participant à la création d’une structure nouvelle - la Société du Grand Paris.
Pouvez-vous décrire la ou les expériences les plus enrichissantes de votre carrière de haut fonctionnaire ? Les moments clés de votre parcours ?
Si ma carrière de haut fonctionnaire en est encore à son aurore (j’ai été titularisée en octobre dernier), le chemin pour y parvenir est déjà très riche. La scolarité à l’ENA comporte en effet trois stages, effectués dans des univers variés et passionnants. A l’OFPRA, j’ai pu assister à des entretiens de demandes d’asile. Le si renommé « stage préfecture », dans le Grand Est, m’a permis tout à la fois d’assister à la naissance de la collectivité européenne d’Alsace, de réfléchir à l’organisation de compétitions sportives transfrontalières et d’accueillir le Président de la République sur le tarmac de l’aéroport. Chez Coallia, j’ai exploré les différences facettes de l’hébergement d’urgence et du logement accompagné. De plus, la scolarité ayant été suspendue pendant le premier confinement, l’opportunité qui m’a été offerte de rejoindre la direction générale des entreprises au ministère de l’Economie a été l’occasion de travailler sur les modalités des aides à mettre en place pour soutenir l’économie.
Que vous a apporté le fait de faire l’ENA ? EN quoi avez-vous grandi ?
Passer le concours de l’ENA est un défi, le réussir une fierté qui m’a donné une plus grande confiance en moi. ”Faire l’ENA” permet de s’engager pleinement au service de l’intérêt général, ouvre la voie à une carrière riche et variée, et offre la possibilité d’accéder à de (plus) hautes responsabilités, indispensables pour développer et faire partager une vison plus stratégique des enjeux de l’action publique. J’ajouterai un bonus, celui de ”faire promotion” à l’ENA ; grâce à lui, vous aurez l’opportunité de découvrir des personnalités exceptionnelles pendant votre scolarité. L’ENA fait grandir, c’est certain. La scolarité est enrichissante, certes. Mais ce que j’en retire de plus personnel, c’est l’humilité à laquelle elle nous soumet : vous étiez sur un poste à responsabilités, et vous vous retrouvez stagiaire ; vous étiez reconnu dans votre domaine de compétence, et vous devez vous aguerrir à des sujets tout autre.
En quoi le fait d’être devenu haut fonctionnaire après une première vie professionnelle, a-t-il constitué un atout dans votre contribution à la mise en œuvre d’une politique publique ? de réformes ? N’hésitez pas à donner un exemple.
Je suis encore trop ”jeune” au sein de la haute fonction publique pour répondre à cette question, mais j’espère pouvoir mettre mon expérience au service de la chambre régionale des comptes d’Ile-de-France. Il parait d’ailleurs que mes (menues) compétences en matière de contrats publics pourraient s’avérer utiles dans le contrôle de la gestion des marchés publics passés par les collectivités.
Pourriez-vous partager une anecdote qui est particulièrement mémorable d’une situation professionnelle au cours de votre carrière ?
Le choix est cornélien…La demande que m’a faite l’Elysée pendant mon stage préfecture de choisir les bouquets de fleurs que le Président de la République devait remettre à l’issue d’une cérémonie de décorations ?
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui, après une première expérience dans le privé, souhaite s’engager au service de la puissance publique ?
Tout d’abord, bien mûrir son projet. Servir l’intérêt général est un objectif fort louable, mais il comporte des sacrifices : de temps, financiers, notamment.
Ensuite s’interroger sur ce que représente réellement pour vous le service public, à l’exclusion de toute considération liée au prestige (supposé) de l’ENA. Je ne veux pas dire que celle-ci n’a pas sa place, elle est toujours présente plus ou moins subrepticement dans nos têtes, mais elle ne peut à l’évidence suffire.
Enfin ne pas faire de la réussite au concours de l’ENA un but ultime et absolu. Le concours est par nature aléatoire, et s’agissant d’épreuves qui ne sont pour la plupart pas des épreuves de connaissances, l’ardeur au travail ne paie pas toujours. Et en tout état de cause, il existe de multiples façons de servir l’intérêt général en dehors de l’ENA !
Enfin, en quelques mots…
Les causes qui vous tiennent à cœur : la lutte contre les inégalités
Une lecture inspirante : ”Messieurs les ronds-de-cuir” (Courteline), pour déconstruire cette image d’une administration poussiéreuse
Une citation qui vous inspire : ”Le courage est le juste milieu entre la peur et l’audace” (Aristote)
Le meilleur conseil qu’on vous ait donné : ”Fais comme tu peux” (ma mère)
”J’étais vendeur institutionnel dans une banque et je suis devenu haut fonctionnaire”

Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours avant votre entrée à l’ENA (origine familiale et géographique, valeurs, parcours professionnel, engagements divers…)?
Je suis né en Algérie, peu de temps avant l’indépendance, issu d’une famille de pionniers mais surtout de métropolitains arrivés plus tard, venant de France (Franche-Comté, Berry, Beaujolais, Lorraine), de Suisse et d’Espagne. Au retour, ma famille s’est installée à Paris.
Lors d’un premier parcours professionnel à dominante commerciale, très enrichissant mais souvent réduit à des activités franco-françaises (malgré une expatriation à Londres), dans les secteurs de l’assurance et de la banque, j’avais été informé du passionnant travail de la Dree (Business France aujourd’hui), appuyant les entreprises françaises dans leurs efforts d’exportation et d’implantation à l’étranger. Ce fut une révélation. Le 3ème concours de l’ENA a alors constitué une opportunité exceptionnelle, pour aligner destin et objectifs.
Pouvez-vous décrire la ou les expériences les plus enrichissantes de votre carrière de haut fonctionnaire ? Les moments clés de votre parcours ?
À la sortie de l’ENA, en 1999, j’ai choisi de servir outre-mer, en juridiction financière, à la CRC de la Réunion et Mayotte. Sur cette bien nommée ”Île intense”, j’ai été marqué par la très émouvante culture créole, qui a su surmonter un passé douloureux, s’attacher à la République, et faire vivre sa différence comme une valeur ajoutée.
En 2002, en mobilité, la Direction du Trésor (qui devait fusionner avec la Dree peu après), m’affectait comme conseiller financier à l’ambassade de France à Tunis. Dans ce cadre diplomatique, je mettais en place intelligence économique et accompagnement des banques et des compagnies d’assurance françaises désireuses de se développer en Tunisie.
Puis, en 2005, après qu’un nouveau poste en services économiques ait été envisagé, cette fois en Asie du Sud-Est, finalement je rejoignais Washington comme représentant du Trésor auprès de la BID (Banque interaméricaine de développement, Amérique latine et Caraïbes). Une aventure américaine commençait alors, poursuivie en 2008 à New York au siège des Nations unies (directeur de l’audit externe de l’ONU, ses Fonds et Programmes), puis en 2012 à Montréal au sein d’une agence spécialisée de l’ONU pour l’aviation civile internationale (directeur de l’audit interne, de l’évaluation et des investigations de l’OACI - ICAO), avant de revenir en 2017 à New York, auprès de l’Assemblée générale de l’ONU.
Que vous a apporté le fait de faire l’ENA ? En quoi avez-vous grandi ?
L’accès à une carrière unique. Depuis la Réunion, j’avais pu aussi participer à de nombreuses missions d’audit externe des Nations unies, en proche Afrique australe, mais aussi à New York, car la Cour des comptes détenait alors des mandats auprès du ”Programme alimentaire mondial (PAM)” et de ”l’ONU, ses Fonds et Programmes”.
À partir de 2005, à la BID, au-delà des pays de la région, presque tous visités en mission, j’ai découvert un autre univers, celui de la diplomatie multilatérale. Alors que mon objectif initial, en préparant l’ENA, était de rejoindre la diplomatie bilatérale économique et financière (illustré par ma mobilité), ce domaine - ”le multi” - se révèlera encore plus riche en
matière de problématiques, de contacts avec des collègues de toutes nationalités et d’opportunités dans le monde entier. Ce ne sera pas neutre pour la suite, car j’ai consacré à la diplomatie multilatérale la dernière partie de ma vie professionnelle.
En quoi le fait d’être devenu haut fonctionnaire après une première vie professionnelle, a-t-il constitué un atout dans votre contribution à la mise en œuvre d’une politique publique ? de réformes ? N’hésitez pas à donner un exemple.
Magistrat financier à la Réunion et à Mayotte, contrôlant les dépenses relatives aux services offerts par les collectivités locales, je les ai analysées sous l’angle de la valeur ajoutée et du rapport coût-bénéfice pour les citoyens. À Tunis, mon expérience des secteurs bancaires et de l’assurance m’a permis d’être immédiatement opérationnel, et de parler le même langage que nos opérateurs. Même chose plus tard à Washington avec les entreprises françaises intéressées par les marchés publics de la BID.
Lors de ma dernière année à la Réunion, j’avais été associé par la Cour des comptes à une enquête nationale sur la politique de la ville, à l’occasion du contrôle du chef-lieu, Saint-Denis. J’avais mis en évidence que les dispositifs publics, conçus à l’époque pour la métropole, ne prenaient pas en compte les spécificités de l’Outre-mer, conduisant les opérateurs locaux à souvent tordre les procédures pour pouvoir utiliser des outils, et recevoir les subventions. J’avais alors recommandé qu’à l’avenir, les politiques de la ville considèrent lors de leur conception les problématiques propres aux outre-mer. Par la suite, l’Etat s’est doté des structures et instruments pour agir en ce sens.
Pourriez-vous partager une anecdote qui est particulièrement mémorable d’une situation professionnelle au cours de votre carrière ?
Les contrôles pour le PAM, en Zambie, dans des camps de réfugiés au bord de la révolte, resteront une expérience très marquante. Le PAM ne survenait à ses besoins que grâce à des dons (en financements ou en denrées alimentaires). À l’arrivée des auditeurs, le bureau de Lusaka avait des stocks de nourriture très bas et avait dû réduire de 50% ses contributions aux réfugiés, sachant que les dotations habituelles étaient déjà de 50% inférieures aux besoins alimentaires normaux (afin de ”forcer” les réfugiés à travailler: exercice d’un métier utile dans le camp, cultures et élevage sur le lopin de terre attribué à l’arrivée). Mais l’annonce des réductions de dotations menaçait de provoquer des émeutes, au moment d’effectuer nos contrôles. Je pourrais aussi citer les visites des favelas de Rio de Janeiro, en cours de réhabilitation financée par la BID, sous la menace de tirs d’armes automatiques.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui, après une première expérience dans le privé, souhaite s’engager au service de la puissance publique ?
Se poser deux questions. ”D’abord, en quoi mon expérience dans le privé peut se révéler pertinente pour le service public?” - ”Ensuite, en quoi ma motivation profonde de vouloir devenir haut fonctionnaire est avant tout guidée par la volonté de me mettre au service de la collectivité, et non pas de chercher une position supposée confortable à l’abri de la concurrence?” Cela nécessite de pouvoir rencontrer plusieurs hauts fonctionnaires pour ”réfléchir à deux”. En l’absence de réseau propre, l’accès - très facile - à l’Association du troisième concours de l’ENA (ENA3C) peut avantageusement y suppléer.
Enfin, en quelques mots, les causes qui vous tiennent à cœur :
Pour le 3ème concours, je conserve trois combats. 1. Pour l’année de préparation, suite à la réussite au PENA, pour ceux qui n’auraient pas accès au FONGECIF (ce fut ma chance, me permettant de conserver mes revenus du privé, déjà confortables, mais je ne me résous toujours pas à cette discrimination à l’égard de mes camarades), la fixation de la bourse à un niveau plus honorable pour des salariés ayant déjà au moins huit années d’expérience. 2. Pour les candidats admissibles mais non admis, une équivalence en termes de diplôme d’administration publique, et idéalement une place assurée en IRA. 3. À la sortie, à l’image de ce qui se fait déjà à l’ENM (École nationale de la magistrature), une liste de postes dédiés aux élèves du 3ème concours, mariant intelligemment leurs profils et des besoins spécifiques que pourrait avoir l’Administration.
Enfin, en quelques mots…
Une lecture inspirante : ”Alias Caracalla” (Daniel Cordier, secrétaire de Jean Moulin)
Une citation qui vous inspire : ”Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront” (René Char)
Le meilleur conseil qu’on vous ait donné : ”Never give in” (citant Winston Churchill)
”J’étais chercheur, puis cadre dans l’économie sociale et solidaire et je suis devenu haut fonctionnaire”

Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours avant votre entrée à l’ENA (origine familiale et géographique, valeurs, parcours professionnel, engagements divers…)?
J’ai 31 ans et suis originaire de Metz. Juriste de formation, j’ai d’abord accompli un tour de France universitaire, qui m’a mené sur les bancs des facultés de droit de Nancy, Lyon, Montpellier, avant la Sorbonne et Assas. Puis, j’ai cumulé différentes expériences dans le secteur privé en une petite dizaine d’années. En droit, je me suis rapidement spécialisé sur les questions relatives au travail et à la sécurité sociale. Cela m’a conduit en cabinet d’avocats, puis dans la rédaction d’une thèse de doctorat sur les régimes spéciaux des fonctionnaires et les réformes de la sécurité sociale en France. J’ai ensuite rejoint l’économie sociale et solidaire, à la MGEN, puis à la Mutualité Française, en tant que conseiller du président Thierry BEAUDET. J’y assurais un rôle de plume et intervenais dans le champ des affaires publiques et de la communication institutionnelle.
Pouvez-vous décrire la ou les expériences les plus enrichissantes de votre carrière de haut fonctionnaire ? Les moments clés de votre parcours ?
Très modestement – ma carrière dans la fonction publique démarrant tout juste – mes deux stages ENA, à l’ambassade de France en Ukraine, ainsi qu’à la préfecture de l’Eure, se sont révélés de premiers (et de véritables) leviers d’accomplissement. J’étais à la recherche de nouvelles responsabilités, plus en lien avec l’action publique et mes aspirations personnelles et professionnelles. À l’évidence, je ne pensais pas découvrir le service public dans la crise sanitaire que nous vivons aujourd’hui. Dans l’œil du cyclone, on trouve rapidement de l’utilité et du sens à son action. En vivant une expérience accélérée, on sait aussi rapidement si le choix d’intégrer la fonction publique est le bon. C’est mon cas.
Que vous a apporté le fait de faire l’ENA ? En quoi avez-vous grandi ?
Dans le court laps de temps qui me sépare des concours, deux choses : des expériences passionnantes, dans de grandes institutions de la République, auprès de personnalités remarquables ; des collègues et amis, avec qui je compte entretenir des relations de long terme.
En quoi le fait d’être devenu haut fonctionnaire après une première vie professionnelle, a-t-il constitué un atout dans votre contribution à la mise en œuvre d’une politique publique ? de réformes ? N’hésitez pas à donner un exemple.
Dans une crise comme aujourd’hui, lorsque l’on se retrouve face à une entreprise, une chambre consulaire ou une fédération professionnelle, un passage dans le secteur privé est considéré et reconnu. Il légitime l’action de l’État, en démontrant qu’il sait s’entourer de profils variés, jeunes et moins jeunes. Au moment d’approfondir un bilan comptable pour imaginer le meilleur accompagnement par les aides publiques, cette première vie professionnelle sait aussi être appréciée à sa juste valeur. Idem dans la mise en œuvre du plan de relance, lorsqu’il s’est agi de détecter, de suivre et de soutenir les porteurs de projets, pour leur permettre de participer à la reprise économique du pays. Sur le terrain, être en mesure de se positionner au niveau de son interlocuteur et de parler le même langage que lui ont à plusieurs reprises été déterminants.
Pourriez-vous partager une anecdote qui est particulièrement mémorable d’une situation professionnelle au cours de votre carrière ?
C’était en Ukraine, aux premiers jours de la crise sanitaire. La diffusion des gestes barrière débutait tout juste. Alors que j’accompagnais l’Ambassadeur Étienne de Poncins à une réunion du G7 Reforms (i.e. un groupe de soutien aux réformes, réunissant les ambassadeurs en Ukraine de sept pays parmi les plus grandes économies mondiales), les premières minutes furent consacrées à quelques traits d’humour sur la manière dont chacun avait l’habitude de se laver les mains. Ainsi, dès l’une de mes premières réunions internationales, que je dois à la confiance rapidement accordée par mon maître de stage, la petite histoire a rejoint la grande ; la diversité culturelle en plus.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui, après une première expérience dans le privé, souhaite s’engager au service de la puissance publique ?
Je me suis longtemps interrogé sur la pertinence à m’engager dans un concours administratif. Des aléas de carrière ont finalement contribué à me faire changer de pied. À toutes celles et à tous ceux qui se poseraient la question, je veux délivrer un seul message : ne laissez pas passer votre chance et prenez votre risque. Il y a de la place pour des parcours différents au sein de la fonction publique. L’action et la transformation publiques ont besoin de nouveaux talents, d’où qu’ils viennent professionnellement. Le concours de l’ENA offre de belles possibilités de reconversion ou, ce qui était mon cas, de contribuer à l’intérêt général autrement.
Enfin, en quelques mots…
Les causes qui vous tiennent à cœur : l’égalité des chances, la ruralité et les enjeux de sécurité
Deux lectures inspirantes : ”Leurs enfants après eux”, de Nicolas Mathieu et ”Ceux qui restent”, de Benoît Coquard
Une citation qui vous inspire : ”Il y a trois sortes de savoir : le savoir proprement dit, le savoir-faire et le savoir-vivre; les deux derniers dispensent assez bien du premier” (Talleyrand)
Le meilleur conseil qu’on vous ait donné : savoir s’écouter, tout simplement
”J’étais trader et je suis devenu haut fonctionnaire”

Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours avant votre entrée à l’ENA (origine familiale et géographique, valeurs, parcours professionnel, engagements divers…) ?
Ignorant tout du monde de l’administration et de la fonction publique, je suis arrivé en école d’ingénieur, puis dans le secteur de la finance, par les mathématiques, au tout début des années 2000. La crise financière de 2008, alors que j’étais responsable monde des marchés de crédits structurés chez Barclays Capital, a mis en lumière le besoin de régulation du secteur et j’ai décidé de changer de vie professionnelle. J’ai alors passé deux ans à Sciences-po, pour mieux appréhender les métiers de la sphère publique, avant de décider de passer le concours de l’ENA. Après la scolarité, j’ai eu la chance de rejoindre l’inspection générale des finances, où j’ai pu faire de l’audit et du conseil au Gouvernement sur des sujets extrêmement variés – mais toujours avec une composante économique ou financière -, avant de rejoindre l’Agence française de développement.
Pouvez-vous décrire la ou les expériences les plus enrichissantes de votre carrière de haut fonctionnaire ? Les moments clés de votre parcours ?
Le premier moment clé a été mon expérience à la représentation permanente de la France auprès de l’Union européenne, pendant la scolarité à l’ENA. La qualité des équipes et le sentiment d’utilité lors des négociations sur l’Union bancaire ont fini de me convaincre que j’avais fait le bon choix.
Par la suite, la richesse des sujets traités à l’inspection générale des finances m’a ouvert à une large palette de politiques publiques – fiscalité, soutien aux entreprises, logement social, aide au développement, etc. - sur lesquelles je m’imagine pouvoir de nouveau travailler dans les années et décennies à venir.
Que vous a apporté le fait de faire l’ENA ? En quoi avez-vous grandi ?
Après avoir été essentiellement nourri aux news Bloomberg pendant dix ans, la préparation au concours a été, en soi, un vrai bol d’air. La diversité des matières au concours - droit, économie, sociologie, culture générale – et la qualité de mes co-préparationnaires m’ont énormément apporté.Initialement sceptique quant à l’intérêt de suivre une formation en deuxième partie de carrière, j’ai réalisé a posteriori que je n’aurais pas été aussi utile dans mes différentes missions de fonctionnaire sans les outils et la culture administrative que j’ai acquis à l’ENA. La scolarité peut toujours être améliorée, a fortiori pour les troisième concours, mais on ne s’improvise pas administrateur civil, sous-préfet ou rédacteur au Quai d’Orsay.
En quoi le fait d’être devenu haut fonctionnaire après une première vie professionnelle, a-t-il constitué un atout dans votre contribution à la mise en œuvre d’une politique publique ? de réformes ? N’hésitez pas à donner un exemple.
Mon expérience en management d’équipes multiculturelles et dispersées géographiquement, d’une part, et mon expertise technique dans le domaine financier, d’autre part, m’ont été utiles dans toutes mes missions.
Pourriez-vous partager une anecdote qui est particulièrement mémorable d’une situation professionnelle au cours de votre carrière ?
Aucune qui puisse être rendue publique…
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui, après une première expérience dans le privé, souhaite s’engager au service de la puissance publique ?
Prenez le temps de la réflexion. Ne le faites que si vous vous projetez sur le long terme dans la sphère publique (vous perdrez possiblement en séniorité en début de deuxième carrière) et que vous disposez de facteurs de motivation interne forts (personne ne vous attend ; vous devrez vous faire votre propre parcours). S’il s’agit en effet d’un engagement sincère, le concours de l’ENA, par les choix de carrières qu’il offre à court et moyen terme, est une très bonne option, même si l’État doit encore faire des efforts pour mieux valoriser l’expérience de ses agents.
Enfin, en quelques mots…
Les causes qui vous tiennent à cœur : les inégalités intergénérationnelles, la fiscalité internationale, l’équilibre des relations Nord Sud
Une lecture inspirante : les Frères Karamazov de Fiodor Dostoïevski
Une citation qui vous inspire : ”La politique et la philosophie, aujourd’hui comme à l’époque des fondations grecques, ont un trait commun puissant. Toutes deux, chacune à sa manière, constituent des arts de se soucier du monde en tant que tout”


“On peut être trader dans une grande banque internationale, passer le troisième concours de l’ENA, devenir haut fonctionnaire, et se retrouver sur le terrain, en Afrique, pour mettre en œuvre la politique française d’aide au développement.”
“L’ENA apporte une vraie formation en deuxième partie de carrière, donnant outils et culture administrative incontournables ; on ne s’improvise pas administrateur civil, sous-préfet ou rédacteur au Quai d’Orsay.”
”J’étais lobbyiste européenne et je suis devenue haute fonctionnaire”
Pouvez-vous vous présenter et présenter votre parcours avant votre entrée à l’ENA (origine familiale et géographique, valeurs, parcours professionnel, engagements divers…)
J’ai grandi à Montauban dans le Sud Ouest de la France, une ville à taille humaine avec une vraie mixité sociale, notamment dans les établissements publics où j’ai réalisé ma scolarité. J’ai toujours entendu parler de politique dans ma famille, et même si je n’envisageais pas du tout de devenir fonctionnaire un jour, le sens du service public et du bien commun a toujours été quelque chose qui m’a guidée, attirée. Après un bac scientifique je suis partie un an en classe préparatoire BL à Toulouse, puis j’ai réussi le concours de Sciences Po Bordeaux. J’ai ensuite choisi de me spécialiser dans les affaires européennes, et lors de mon stage de fin d’études j’ai découvert les questions de santé. Je suis donc devenue ”lobbyiste européenne”, ce qui pour moi n’est pas du tout péjoratif, dans le domaine de la santé, pour des entreprises privées, des associations, puis pour l’Établissement français du sang, l’établissement public en charge du don du sang et de la transfusion en France.
Pouvez-vous décrire la ou les expériences les plus enrichissantes de votre carrière de haut fonctionnaire ? Les moments clés de votre parcours ?
Ma carrière de haute fonctionnaire est encore très récente, car je ne suis dans mon poste de sortie d’ENA que depuis 6 mois. Pendant la scolarité, je citerais mon stage à la préfecture de Guyane, un département français d’Amérique très attachant même si les problématiques sociales et géographiques y sont très compliquées. J’ai été très étroitement associée à une réorganisation des services de l’État spécifique à la Guyane, visant à adapter les modes de fonctionnement de l’État aux besoins des habitants. J’ai bénéficié d’une très grande confiance de la part de l’équipe préfectorale et des directeurs des services déconcentrés, dans un contexte où les services de terrain ”avaient la main” sur leur organisation, ce qui est malheureusement trop rarement le cas.
Que vous a apporté le fait de faire l’ENA ? EN quoi avez-vous grandi ?
Avant de faire l’ENA j’exerçais dans le milieu de la santé, un contexte professionnel où l’expertise joue un très grand rôle pour asseoir une légitimité. J’étais devenue donc devenue experte de mon sujet, mais j’avais du mal à me projeter dans d’autres fonctions ou domaines.
J’étais donc franchement dubitative quant à l’approche des stages à l’ENA, on dirait que l’école fait exprès de vous envoyer le plus loin possible de vos acquis pour vous déstabiliser. Et en même temps cela m’a permis de réaliser que les compétences que j’avais acquises avant d’entrer à l’ENA me permettaient d’aborder des sujets et des fonctions auxquelles je n’aurais jamais pensé. J’en ai même tiré partie pour mon stage en entreprise au Marché de Rungis, un contexte professionnel très surprenant pour une future haute fonctionnaire.
En quoi le fait d’être devenu haut fonctionnaire après une première vie professionnelle, a-t-il constitué un atout dans votre contribution à la mise en œuvre d’une politique publique ? de réformes ? N’hésitez pas à donner un exemple.
A la sortie de l’ENA, je suis devenue adjointe cheffe de bureau à la Direction générale du travail. Même si je n’avais aucune prétention d’expertise en droit du travail, le fait d’avoir exercé huit ans en tant que salariée, dans un contexte de droit privé, m’a donné une expérience de la vie concrète du droit du travail que j’essaie de toujours garder en tête pour concevoir des dispositions réalistes, qui ne seront pas des ”usines à gaz”. Et plus généralement, je réalise que je m’appuie souvent sur mon expérience précédente comme inspiration, ou pour ne pas reproduire les mêmes erreurs.
Pourriez-vous partager une anecdote qui est particulièrement mémorable d’une situation professionnelle au cours de votre carrière ?
Un jour, l’Établissement français du sang a été confronté à un problème grave de matériel, qu’il fallait résoudre de manière très urgente, sinon il y avait un risque de devoir arrêter tous les dons de sang à brève échéance. J’avais noué au fil du temps des relations très étroites avec nos homologues anglais du NHSBT, qui rencontraient le même problème mais avaient déjà identifié une solution de rechange. Nous avons décidé des les appeler à l’aide, pour qu’ils nous dépannent d’un peu de stock de matériel, le temps que notre fournisseur en France puisse nous approvisionner. En cinq minutes j’avais une réponse du PDG du NHSBT, ”pas de problème, on vous envoie ça”. C’est dans ces moments qu’on réalise la valeur d’un réseau patiemment tissé et entretenu au fil du temps.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui, après une première expérience dans le privé, souhaite s’engager au service de la puissance publique ?
Y aller !
Enfin, en quelques mots…
Les causes qui vous tiennent à cœur : l’égalité femmes-hommes
Une lecture inspirante : l’œuvre d’Alain Damasio
Une citation qui vous inspire : ”Il vaut mieux se taire et passer pour un con plutôt que parler et ne laisser passer aucun doute sur le sujet” (Pierre Desproges)
Le meilleur conseil qu’on vous ait donné : Ne pas s’excuser tout le temps

“Déplacement dans l’intérieur guyanais en avion de transport de troupes”

Préfète
Sortie de l’ENA en 1995, vous êtes préfète depuis 2007. Ceci ne saurait cependant résumer la richesse de votre parcours. Pouvez-vous nous le décrire ?
J’ai toujours été intéressée par la chose publique. Mon expérience professionnelle avant l’ENA, je l’ai acquise essentiellement comme assistante parlementaire à l’Assemblée nationale, en cabinet ministériel ou au Parlement européen sur la période 1978-1990. J’ai également été entre-temps directrice commerciale dans une agence de communication. C’est ce parcours qui m’a permis de justifier des huit années nécessaires pour le 3e concours.
A la sortie de l’ENA, j’ai choisi le ministère de l’Intérieur. Mes premières affectations étaient en administration centrale , pour des raisons privées, à la direction des libertés publiques et des affaires juridiques où j’ai occupé deux postes successifs. Puis est venu le temps de la mobilité statutaire que j’ai effectuée à la Croix Rouge, un peu par hasard. Mon objectif était de moderniser et de professionnaliser sa gestion pour faire face aux exigences de rigueur et de transparence attendues des associations. Ce poste recouvrait essentiellement des fonctions de gestion et de coordination. Mon statut d’énarque m’a incontestablement aidée la première année, vis-à-vis de la gouvernance notamment, pour entamer la réorganisation au regard des enjeux.
Quel regard portez-vous sur le 3e concours, sur sa spécificité, sur la diversité de son recrutement ?
Je porte un regard très positif sur le 3e concours car il permet à la fonction publique de recruter des profils très divers, ayant une expérience du monde du travail qui enrichit les administrations où ils servent. Ils ont également une vision extérieure et des méthodes de travail différentes qui sont appréciables dans les fonctions qu’ils exercent.
J’ai travaillé quand j’étais préfète de Dordogne avec une secrétaire générale issue du 3e concours également. Son ouverture d’esprit, sa réactivité et son sens du dialogue étaient liés à son expérience antérieure et je crois pouvoir dire que nous avons formé une équipe de choc au moment de la mise en place de la réforme de l’administration territoriale de l’État. De même, j’ai accueilli il y a quatre ans en préfecture un stagiaire ENA issu du 3e concours ; compte tenu de son expérience et de ses compétences professionnelles, j’ai pu lui confier de vraies responsabilités durant son stage et je pense l’avoir considéré davantage comme un collaborateur que comme un stagiaire.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un souhaitant passer le concours ?
Je lui conseillerais de le faire s’il souhaite réorienter sa carrière mais seulement dans un souci de service public et d’intérêt général. S’il n’est pas motivé par ces considérations, la greffe ne peut pas prendre. Pour autant, et à l’aune des promotions sorties jusqu’à présent, je pense que cela ne concerne qu’une minorité.

Administratrice civile
« J’ai toujours été intéressée par les affaires publiques. Après la sortie de Sciences Po, pourtant, j’ai opté pour une expérience internationale qui m’a menée à l’université de New York (NYU) et vers le journalisme. Un métier que j’ai exercé une bonne dizaine d’années dans la presse écrite, principalement comme correspondante en Asie. La chose publique m’a rattrapée par l’intermédiaire d’une création de poste à la délégation régionale de la Commission européenne à Bangkok (Thaïlande), pour laquelle j’ai travaillé en tant que contractuelle comme conseillère pour les affaires politiques auprès du chef de délégation. La fonction était si proche de la diplomatie que franchir le pas de la fonction publique m’a paru évident.
A la sortie de l’ENA en 2005 (promotion Romain Gary), j’ai choisi la Direction générale du Trésor et de la Politique économique (aujourd’hui DGT), avec l’ambition d’y travailler sur les affaires internationales. Après un premier poste dit “transversal” au bureau bilatéral CEI / Proche et Moyen-Orient, qui m’a permis de me familiariser avec plusieurs services de la direction, je suis partie en détachement pour 3 ans au ministère des Affaires étrangères sur le poste de conseillère de coopération et d’action culturelle adjointe au Vietnam. A l’expérience budgétaire et managériale d’un gros service que je souhaitais acquérir, s’est ajoutée celle du fonctionnement d’un autre ministère. S’en sont suivis, de retour à la Direction générale du Trésor, une mobilité au service économique régional de Washington, puis un poste de chef du Service économique à Jakarta, Indonésie. Deux missions a priori identiques en termes de contenu, mais en fait particularisée chacune par le pays d’accueil, l’un creuset de nombreuses politiques publiques globales, l’autre grand émergeant tout à la fois marché potentiel, partenaire du G20 et demandeur d’assistance technique.
De retour au ministère, je suis chargée d’une mission auprès du Secrétariat général sur les affaires multilatérales et de développement. »

Préfet
Ancien élève de l’ENA, préfet, vous avez eu à plusieurs reprises des collaborateurs issus du 3e concours ; avez-vous été satisfait de leur travail ?
Mon ancien directeur de cabinet dans l’Ain était issu du 3e concours après avoir exercé dans un grand cabinet de conseil en qualité d’expert comptable et d’auditeur. Précédemment, mon secrétaire général en Loir-et-Cher était issu de ce même recrutement, après avoir mené une première carrière d’ingénieur dans le secteur agronomique. Pour ma part, je n’ai eu qu’à me féliciter de pouvoir travailler avec des cadres issus de ce recrutement.
Par rapport à l’ensemble des collaborateurs que vous avez eus, pensez-vous qu’ils apportent quelque chose de particulier ?
Sans aucun doute le fait de présenter une expérience souvent diversifiée permet aux élèves issus du 3e concours de présenter un profil très intéressant, notamment dans l’exercice d’une fonction de terrain comme celle qu’implique le corps préfectoral. S’ils connaissent bien les codes de l’entreprise et les règles d’un dialogue efficace, l’apprentissage des codes de l’administration se fait vite. L’apport des élèves du 3e concours est très appréciable à condition de mettre en valeur et de savoir utiliser ces compétences particulières.

Conseillère-maître à la Cour des comptes
« Mon parcours est atypique comme, finalement, ceux de tous les 3e concours de l’ENA (et tous les 3e concours de la fonction publique en général). Pas un d’entre nous n’a la même histoire, ni le même profil.
Après avoir exercé plusieurs métiers, et principalement celui de journaliste dans la presse écrite nationale durant 18 ans, j’ai passé à 42 ans le concours de l’ENA. Je l’ai fait principalement pour une raison d’ordre privé : avec un mari résidant en Bretagne et 4 enfants, je ne pouvais plus continuer à travailler dans la presse quotidienne à Paris. Et le secteur privé ne me proposait pas d’autre alternative, en province, que d’essayer de trouver un poste dans la communication d’entreprise. J’ai choisi de rebattre les cartes.
Je ne l’ai pas du tout regretté. A la sortie de la promotion Valmy, j’ai eu la chance d’entrer à la Cour des comptes, d’y avoir des chefs de corps et présidents de chambre qui m’ont fait confiance. J’ai eu un parcours diversifié, et conforme à mes souhaits puisque j’ai pu travailler à deux reprises en Bretagne, deux ans à la CRC (Chambre régionale des comptes) et 6 ans comme SGAR (Secrétaire générale aux affaires régionales). J’ai pu aller à l’étranger comme conseiller financier à l’ambassade de France à Rabat. Et j’ai pu être 2 ans et demi SGA (Secrétaire générale adjointe) auprès de Philippe Seguin, alors Premier président de la Cour des comptes.
Je ne regrette en rien ce choix d’un parcours privé/public, motivée par la possibilité d’une carrière diversifiée, au plan professionnel et géographique.
C’est d’ailleurs cette perspective de carrière diversifiée qui motive au premier chef tous les 3e concours. »

Conseillère-maître à la Cour des Comptes
« Avant l’ENA, j’ai été cadre commerciale à IBM France de 1984 à 1993. A ma sortie de l’ENA en 1997 (promotion Marc Bloch), je suis affectée au ministère de la Défense, à la direction des affaires financières, d’abord en tant que chargée de mission auprès du sous-directeur de la réglementation et de la comptabilité, puis chef de bureau des dépenses en capital et des programmes d’investissement (1998-2000). Je suis ensuite devenue conseillère technique chargée des questions économiques, budgétaires et financières au cabinet d’Alain Richard au ministère de la Défense, puis chargée de mission sur la loi de programmation militaire et, pour finir, conseillère pour les affaires sociales, domaniales et pour l’environnement (2000-2002). C’est le métier budgétaire acquis à la Défense qui m’a permis de devenir, au titre de la mobilité statutaire, secrétaire générale du Syndicat des transports d’Ile-de-France dont les enjeux étaient d’abord financiers (2002-2005). A l’issue de cette expérience, le directeur des ressources humaines de la Défense m’a fait venir auprès de lui pour me charger de l’encadrement supérieur (2006-2008). Ces deux années m’ont permis de renouer avec mon ministère à un poste d’observation particulièrement bien placé. Souhaitant tenter ma chance dans le secteur privé, je rejoins le groupe Caisse des Dépôts, en tant que secrétaire générale d’Informatique CDC. C’était un poste de cadre dirigeant que j’ai obtenu grâce à mon double parcours dans l’informatique et dans l’administration. Sollicitée pour être candidate à l’emploi de chef du service des synthèses budgétaires et du pilotage à la direction des affaires financières du ministère de la Défense, j’ai décidé de revenir au cœur de l’État en 2010.
Entre 2012 et 2015, j’ai été directrice des services administratifs et financiers des services du Premier ministre. Là encore, la prise en compte de ma carrière dans toutes ses dimensions a joué en ma faveur pour mon recrutement. J’ai été nommée en avril 2015, conseillère-maître à la Cour des comptes. »

Vous trouverez dans cette section les réponses aux questions les plus fréquentes au sujet de la pENA, des cycles préparatoires, du troisième concours, des aspects pratiques de la scolarité à l’ENA, des débouchés et des carrières.
Comment préparer seul le concours au cycle préparatoire ? Y a-t-il une préparation “officieuse” à avoir, quelques lectures à potasser ?
Il est vrai qu’en l’absence de programme précis, l’épreuve écrite dite “de culture générale” peut sembler déroutante. il est difficile de recommander des ouvrages précis mais voici quelques orientations possibles :
Sur la forme : s’entraîner à faire des plans de dissertation en deux ou trois parties et à rédiger de manière simple et correcte sur le plan orthographique, grammatical et syntaxique… Le vrai défi peut être de réapprendre à écrire à la main, sans correcteur automatique, ni relecteur.
On peut également s’inscrire à une préparation à distance d’un concours administratif. Cela peut aider à remettre à jour des connaissances mais surtout réapprendre la méthodologie de la dissertation.
Il ne faut pas négliger la préparation à l’entretien oral, qui portera essentiellement sur le parcours professionnel du candidat. Il est recommandé de s’y préparer et de se préparer à répondre à deux questions au moins : “pourquoi voulez-vous rejoindre le service public ?” et “que voulez-vous faire à l’issue de l’ENA si vous êtes pris ?”. Une connaissance minimale de l’administration et de son organisation, centrale, territoriale et internationale est recommandée. Rejoindre la haute administration est un véritable projet professionnel et il est clairement attendu du candidat qu’il s’y soit préparé, au moins intellectuellement.
Pensez-vous pertinent de s’inscrire à la préparation IGPDE à distance pour “prendre de l’avance” puis de passer le concours pENA ?
La préparation par correspondance est ciblée « concours ENA » et son contenu est bien trop riche pour le concours de la pENA. Vous risquez de vous sentir noyé, alors que ce n’est pas l’objectif. Pour le concours de la pENA, nous recommandons simplement aux candidats de s’entraîner un peu à écrire en français (sans anglicisme !).
L’intérêt de passer le concours de la pENA est que la réussite donne droit automatiquement à une bourse versée par l’ENA mais il est vrai qu’elle est surtout utile pour ceux qui choisissent une prépa à temps plein et ne disposent plus de revenus d’activité.
C’est quoi cette nouvelle préparation au concours pENA proposée par l’IGPDE ?
L’IGPDE a ouvert en 2018 la préparation au pré-concours ENA à la voie du troisième concours. Cette préparation comporte des stages de méthodologie en présentiel, des fascicules en ligne, des devoirs à corriger et des concours blancs, ainsi que des jurys fictifs pour les candidats admissibles.
Comment financer l’année de préparation au 3e concours ? L’employeur peut-il participer ?
Une rémunération est possible dans deux cas bien distincts :
La bourse ouvre-t-elle des droits particuliers ?
La bourse versée par l’ENA permet de bénéficier des droits suivants :
Est-il nécessaire de faire une prépa pour réussir le 3e concours de l’ENA ?
Ce n’est pas une condition sine qua non mais l’expérience montre que la grande majorité des lauréats du 3e concours ont suivi une préparation spécifique. Il s’agit de la préparation de l’IGPDE et de celles dispensées dans les IEP de Bordeaux, Grenoble, Rennes et Strasbourg. Cette préparation est à temps plein, accessible sur concours, mais certains candidats ont pu être reçus en ayant préparé par correspondance ou en présence limitée (formule midi-soir de l’IGPDE, par exemple). Certains sites internet, comme OpenInterest peuvent utilement compléter cette préparation.
Quels sont les centres de préparation au 3e concours ? Toutes les préparations sont-elles à plein temps ?
L’accès au cycle de préparation au troisième concours est soumis à des épreuves de sélection gérées et organisées directement par l’ENA. Les candidats reçus aux épreuves sont ensuite affecté par l’ENA, selon une fiche de vœux, dans l’un des 5 centres habilités à organiser un cycle de préparation au 3e concours (IGPDE à Vincennes pour la grande majorité des candidats mais aussi IEP de Bordeaux, Grenoble, Rennes et Strasbourg). Il existe d’autres modalités de préparation non soumises à une sélection par concours : il est en effet aussi possible de s’inscrire au cours dispensés par l’IGPDE en formule midi et soir, de suivre la préparation par correspondance ou un séminaire intensif pendant l’été.
Quel est le profil des personnes qui ont réussi le 3e concours ? quelle est leur formation initiale ? faut-il être diplômé d’une grande école ?
Difficile de donner un profil type des anciens de l’ENA issus du 3e concours. Si la plupart d’entre eux a un bagage universitaire assez conséquent, tous ne sont pas issus des grandes écoles. La préparation au concours est destinée précisément à permettre à toute personne suffisamment motivée de se mettre à niveau. Il n’y a pas de conditions préalables. En revanche, la prépa paraît quasi indispensable, quelle que soit sa formule.
Nous présentons sur ce site des témoignages et des éléments tirés des rapports du jury.
Comparativement à des classes préparatoires aux grandes écoles, quelle est la charge de travail durant le pENA ?
C’est une prépa, donc un principe de compétition. À moins d’être très doué (cela arrive), une solide quantité de travail est a priori indispensable pour prétendre réussir le concours. On ne se prépare pas sans un rythme continu, en s’astreignant à des épreuves d’essai de manière régulière (l’IGPDE organise des « galops d’essai » chaque semaine et deux concours blancs).
En cas d’échec au concours de l’ENA, quelles sont les perspectives après avoir suivi le cycle préparatoire pENA ? Le pENA est-il valorisable sur un plan professionnel ?
La pENA n’est pas considérée comme une formation diplômante et est très peu connue hors de la fonction publique. Cela étant, elle présente l’intérêt de donner une solide culture de base qui peut être mise à profit le cas échéant en présentant d’autres concours de la fonction publique : on peut citer notamment le 3e concours d’administrateur territorial qui permet, via l’INET, d’accéder aux emplois supérieurs des collectivités. Quelques personnes tentent leur chance au concours spécial de recrutement des magistrats administratifs via l’ENM. Enfin, de nombreux candidats malheureux au 3e concours de l’ENA ont pu intégrer les IRA qui constituent également une voie d’accès à la fonction publique d’État. Dans tous les cas, l’investissement pENA est toujours un plus.
Le passage par une pENA peut être mis en avant si l’on est candidat à un poste de contractuel dans la fonction publique, mais il constitue seulement un point positif plutôt qu’un élément réellement déterminant pour le recruteur.
Enfin, après une pENA assidue, dans les deux années qui suivent, on est dispensé de la condition de diplôme exigée pour les concours de la fonction publique de catégorie A.
C’est quoi cette nouvelle épreuve écrite de finances publiques ?
L’épreuve de finances publiques est devenue obligatoire à l’écrit. Elle remplace l’option. Elle est constituée de trois questions, éventuellement assorties de documents ou de tableaux, permettant d’initier une réflexion construite et argumentée. Plutôt qu’une exploitation exhaustive et essentiellement descriptive, il est souhaitable de mobiliser les documents à titre illustratif à l’appui d’une argumentation.
Elle ne dure que 3 heures et a un coefficient un peu inférieur aux autres épreuves d’admissibilité.
C’est quoi cette nouvelle épreuve orale collective d’interaction ?
Cette nouvelle épreuve fait tenir successivement trois rôles différents à chaque candidat : exposant, répondant, observateur. Elle vise moins à mesurer la culture générale que la capacité à travailler en synergie avec une équipe, à développer une argumentation et à la confronter à celle de son interlocuteur, en profitant de son apport, sans pour autant renier ses convictions personnelles, à analyser et à interpréter rapidement les objectifs poursuivis, les résultats obtenus et les comportements associés, mais aussi à s’engager, à défendre ses convictions avec calme et ouverture d’esprit, à émettre un jugement tout en restant objectif et bienveillant.
Voici quelques sujets :
Comment aborder mon engagement syndical dans mon dossier puis (si je suis admissible) avec le jury ?
Il faut bien distinguer les responsabilités professionnelles et syndicales, sans les masquer. Votre métier « de base » en tant que tel constituera pour le jury un premier sujet d’intérêt. Cependant, n’hésitez pas à exposer vos responsabilités syndicales. Vous serez probablement amené à expliquer en quoi cette expérience peut constituer un intérêt dans une future carrière de fonctionnaire : connaissance du monde du travail, du dialogue social, rôle et utilité des syndicats… Documentez-vous sur le paysage syndical de la fonction publique et ses grands enjeux. Dans de nombreux postes en sortie d’ENA, ces connaissances et cette expérience peuvent être directement utiles.
Le jury pourra aussi vous questionner sur des points que vous serez supposé mieux connaître que d’autres candidats : le morcellement du paysage syndical français, les raisons de la relative faiblesse syndicale en France par rapport à certains pays, etc.
Enfin, vous aurez sans doute un membre du jury qui vous demandera si vous vous imaginez un jour dans une fonction préfectorale, face à un mouvement « dur », obligé de prendre des décisions difficiles (concours de la force publique suite à une décision de justice par ex.).
La question principale que se posera le jury, sans nécessairement l’exprimer de manière directe, c’est la capacité à concilier cet engagement avec la carrière du haut fonctionnaire et sa neutralité.
Quelle est la rémunération d’un élève de l’ENA recruté par la voie du 3e concours ?
Il faut distinguer la période de cours à Strasbourg des stages.
A l’école, les 3e concours reçoivent un traitement qui est supérieur à celui des autres élèves ; actuellement, le montant de cette rémunération s’élève à 1 662 € bruts/mois + 833 € bruts/mois d’indemnité forfaitaire + une indemnité de formation d’un montant total de 6 816 € payée en 4 fois sur les 2 ans de formation auxquels il faut, le cas échéant, ajouter le supplément familial de traitement correspondant au nombre d’enfants à charge.
En stage, une indemnité s’ajoute au traitement mensuel ; son montant varie selon le type de stage et le lieu d’affectation. En France, elle est de 9,40 € journalier x2 ou x3 (si chef de famille) pendant les 90 premiers jours du stage, x1 ou x2 du 91e au 180e jour. A l’étranger, un taux journalier est utilisé (fixé par arrêté) aussi avec une dégressivité dans le temps à partir du 31e jour avec 30 % du taux journalier.
Si les élèves de l’ENA sont bien traités s’agissant d’un temps de formation, il faut cependant être conscient que la période de scolarité se traduit pour la plupart des élèves venant du secteur privé par une baisse sensible de leurs revenus.
Est-il facile de se loger pendant la scolarité ?
A Strasbourg, les élèves de l’ENA peuvent se loger soit dans la résidence Charles de Foucauld, soit dans le parc privé. L’École fournir des informations précises sur l’offre mais il faut s’y prendre au plus tôt. Certains élèves prennent une colocation à proximité de l’École. En stage, les élèves sont souvent logés lorsqu’ils sont affectés en préfecture (voire en ambassade). Le stage entreprise peut avoir lieu à proximité de votre résidence principale. N’hésitez pas à solliciter vos camarades de la précédente promotion.
Comment parvient-on à concilier la scolarité à l’ENA et la vie familiale ?
L’École est relativement conciliante à l’égard des élèves faisant état de contraintes familiales. Il est ainsi possible de demander à effectuer certains stages en région parisienne ou à proximité de son domicile. Certains élèves font le choix de s’installer à Strasbourg avec leur famille et peuvent demander à effectuer les différents stages en Alsace. La décision de passer le concours de l’ENA doit ainsi être appréciée en fonction de la situation de chacun, voire faire l’objet d’une concertation conjugale !
Il faut au préalable bien évaluer les contraintes, ne pas sous-estimer l’investissement en temps personnel et avoir un entourage (notamment un conjoint) qui adhère au projet.
Je viens d’être admis et on me demande déjà mes voeux pour les stages. Quelle stratégie adopter ?
Tout d’abord il ne faut pas hésiter à expliquer ses contraintes personnelles, surtout si on a charge de famille. La direction des stages fait de son mieux pour en tenir compte. Concernant le stage territoire, il est préférable d’aller en préfecture plutôt qu’en collectivité, cela participera à l’acculturation à la fonction publique d’Etat. De plus c’est un bon moyen de se forger un début de réseau. Pour le stage international, il est intéressant d’aller dans une institution européenne ou une ambassade de l’Union afin de se plonger concrètement dans les méandres de l’UE.
Quels sont les postes proposés à la sortie ? Combien sont-ils payés ?
A la sortie sont proposés un peu plus de postes que d’élèves, ce qui laisse le choix au dernier du classement entre 3 postes environ. Les 12 ou 15 premiers du classement (la “botte”) prennent traditionnellement les postes des grands corps (Inspection générale des finances, Conseil d’État et Cour des comptes). D’autres corps d’inspection proposent systématiquement des postes : l’Inspection générale d’administration (IGA, rattachée à l’Intérieur) et l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS). La majeure partie des postes est proposée en administration centrale : chef de bureau, adjoint à un chef de bureau ou chargé de mission. Sachant que la taille d’un bureau d’administration centrale peut varier de 5 à 50 agents. Le ministère de l’Intérieur propose des postes en centrale (toujours les mêmes une année sur deux) et des postes en préfecture (directeur de cabinet). Il est également possible de choisir un poste en tribunal administratif ou dans une Chambre régionale des comptes. La Ville de Paris est la seule collectivité à recruter à la sortie de l’ENA (plutôt sur des fonctions support).
Grâce à la reprise de 4 ans d’ancienneté, les sortants du 3e concours sont mieux rémunérés que les externes. Cependant, le niveau de primes dépend d’un corps à l’autre, d’un ministère à l’autre voire d’un poste à l’autre. L’indice des 3e concours sortants est 619, ce qui donne en 2018 un traitement brut indiciaire de 2 903 €. A cela s’ajoutent des primes diverses et variées (résidence, famille, ministérielles et surtout Rifseep) qui permettent d’aboutir à une moyenne autour de 4 900 € brut, soit 4 300 € net par mois.
Quel type de fonctions exercent les élèves issus du 3e concours après l’ENA ?
Au même titre que les autres élèves, les 3e concours peuvent prétendre à une large palette de fonctions au service de l’État. On compte des 3e concours dans tous les Grands corps de l’État (Inspection générale des finances, Conseil d’État, Cour des comptes), dans les fonctions de contrôle, dans les juridictions administratives et dans tous les ministères. Comme pour leurs camarades de promotion, leur choix à l’issue de la scolarité dépend de leur classement de sortie. Ensuite, chaque élève peut s’inscrire dans un schéma de carrière et bénéficier de passerelles entre les différentes administrations, notamment au travers de la mobilité statutaire.
Lors d’une séance de questions au gouvernement, un député a déploré un avancement de carrière plus long aux sortants de l’ENA issus du 3e concours. De même, il faisait remarquer que les postes proposés étaient moins attractifs et que le système par classement de sortie était très pénalisant. Ce constat est-il sérieux ? Qu’en est-il aujourd’hui ?
Il y a « longtemps » (lorsque le 3e concours était encore tout neuf…), c’était une opinion assez courante parmi les « spécialistes » de la fonction publique. Les choses ont pas mal évolué. Quant au système de classement, il n’est pas tellement plus pénalisant pour les 3C que pour les internes. Comme tout processus de sélection, il peut apparaître injuste et scolaire mais pas nécessairement discriminant à l’égard des 3e concours, en tout cas pas plus qu’à l’égard des élèves issus du concours interne.
Le principal reproche que l’on peut faire au système actuel est qu’il ne permet pas réellement de valoriser les carrières antérieures.
Le parcours de carrière est, au moins au départ, assez stéréotypé avec certains passages obligés (premier poste d’adjoint pour les administrateurs civils par exemple, mobilité, etc.) qui sont identiques à tous les anciens élèves de l’ENA quels que soient leur âge ou leur expérience antérieure. Les recruteurs apprécient en revanche généralement la maturité, l’expérience, voire les qualités managériales des 3e concours, qui peuvent leur ouvrir des opportunités en milieu de carrière.
Adresse : Association ENA 3 C
École nationale d’administration
2 avenue de l’Observatoire, 75006 Paris
Email : contact (a) ena3c.fr